Une énorme fumée noire, des habitants du quartier hébétés et effrayés, des débris éparpillés et surtout plus d'une cinquantaine de bouteilles de gaz butane éventrées… Raïs-Hamidou a été secoué hier après-midi par une violente explosion de gaz, dans deux bâtisses du quartier Mabrouk-Belahcène. Sept camions de la Protection civile, venus de différentes unités, notamment celle d'Alger-Centre, plusieurs ambulances, la Police scientifique ainsi que la brigade canine ont été mobilisées pour cette catastrophe. Bilan provisoire : neuf personnes grièvement blessées, transférées vers l'hôpital de Baïnem dont le premier conduit au CHU de Bab El-Oued. Selon les premières informations recueillies sur le terrain, émanant de la Protection civile, l'incendie a eu lieu dans l'unité de fabrication de produits cosmétiques Serine, puis s'est propagé au dépôt de bouteilles de gaz butane, mitoyen à cette usine. Il était 13h, lorsque les habitants dudit quartier ont été surpris par une explosion très violente. “Les explosions des bouteilles de gaz ont duré près de 15 minutes. Il y avait des projectiles de zinc et de débris de butane vers le ciel. J'ai d'abord commencé par fermer les conduites de gaz, avant d'aller ouvrir la porte aux ouvriers qui étaient enfermés à l'intérieur de l'usine”, a raconté Mustapha, témoin de ce sinistre. Selon ses déclarations, ils étaient cinq à l'intérieur de l'unité de fabrication cosmétique, le reste des blessés sont des personnes qui ont été touchées par le souffle. “C'était terrible, je les écoutais crier au secours. Lorsque j'ai ouvert la porte, c'était carrément des torches humaines. En un clin d'œil, le feu s'est propagé dans l'entrepôt qui a engendré plusieurs explosions de bouteilles de gaz. La Protection civile a évacué tout le quartier afin de sécuriser les habitants”, a-t-il indiqué. Le feu aurait été provoqué, selon des témoins, par une étincelle due à une manipulation de produits inflammables qui étaient destinés à préparer des parfums à l'intérieur du laboratoire. “Pour l'instant, notre principale préoccupation est de s'assurer qu'il n'y ait plus personne sous les décombres et de sécuriser la zone du sinistre. En ce qui concerne l'origine de l'accident, une enquête sera ouverte”, a déclaré le lieutenant Soufiane Bakhati. Le président de l'APC de Raïs- Hamidou, pour sa part, a annoncé qu'il “s'agissait d'une usine tout à fait légale avec un registre du commerce, employant une vingtaine de personnes”. Selon les ouvriers, en récupération, rencontrés lors de cette catastrophe, l'unité de fabrication ne répondait à aucune norme de sécurité. “J'ai travaillé hier soir et aujourd'hui je suis en récupération. Cette usine n'a aucune norme, nous travaillons dans des conditions terribles sans aération et en employant les éléments les plus élémentaires, d'ailleurs la moitié des ouvriers travaillent au noir”, s'indigne un employé de l'usine. Concernant l'entrepôt mitoyen au laboratoire, il s'agissait d'une ancienne bâtisse transformée en dépôt. Il y avait plus 100 bouteilles de gaz butane qui ont été totalement endommagées dont près d'une trentaine a explosé. Nabila Afroun