“C'est une véritable hémorragie à laquelle nous devons faire face, et c'est quasiment impossible ! Il faut trouver des solutions en urgence !” C'est un technicien d'Algérie Télécom (AT) qui s'est confié à nous, lors d'une intervention sur un site où plusieurs mètres de câbles téléphoniques viennent d'être volés. En effet, il ne se passe pas un jour sans que des abonnés de différents quartiers, y compris du centre-ville, constatent le dérangement de leur ligne suite à l'arrachage et au vol des câbles. Un phénomène “mafieux” qui connaît un accroissement sans précédent depuis “la réautorisation des exportations des produits ferreux et non ferreux”, explique un employé d'AT. Les chiffres concernant ces vols et leur impact sont éloquents. Ainsi, en 2007, Algérie Télécom a enregistré pour la seule ville d'Oran 77 actes de vol de câbles ayant isolé plus de 11 130 abonnés. Le coût de ces vols est estimé à 29 879 000 DA. Pour le seul premier trimestre de l'année 2008, les actes de sabotage sont au nombre de 27, provoquant là encore l'isolement pour 9 341 abonnés et des pertes atteignant la somme de 8 852 921 DA. Une situation grave pour Algérie Télécom qui, en l'état, subit des pertes énormes et un préjudice commercial des plus lourds. Les communes les plus concernées par ce phénomène sont toutes situées à la périphérie d'Oran : Canastel, Hassi Bounif, Bir El-Djir, Es Senia, Aïn El-Beïda, etc. Dans cette dernière bourgade, où une brigade de gendarmerie a été implantée depuis longtemps, le représentant d'Algérie Télécom nous avoue : “Nous avons enregistré jusqu'à 6 vols par jour. La situation est telle qu'il n'y a plus de réseaux dans cette commune ! Nous avons renoncé à le réinstaller et nous proposons maintenant à nos abonnés d'opter pour le téléphone sans fil, car à chaque fois que l'on remplace les câbles, ils sont aussitôt volés.” C'est cette facilité déconcertante avec laquelle les voleurs sévissent qui déroute tout le monde. Agissant la nuit ou même en plein jour, ils sont à l'évidence organisés entre ceux qui repèrent les zones idéales, situent les nouveaux sites où des réseaux sont mis en marche, les moyens pour arracher parfois plusieurs mètres de câbles d'un coup, comme tout récemment au quartier les Palmiers, c'est-à-dire en ville. À Saint-Rémy, à quelque 4 km d'Oran, un habitant venu se plaindre à une agence d'Algérie Télécom raconte : “Cela faisait 4 ans qu'on attendait que les P et T installent le réseau. Et quand, enfin, ils l'ont fait, 48 heures après, les câbles ont été volés. On n'a même pas pu passer un coup de fil. Mais ces voleurs savent ce qu'ils font, ils ont des commandes.” Des arrestations ont été menées par la gendarmerie sans pour autant enrayer le phénomène. Au port d'Oran, les exportations des produits ferreux et non-ferreux explosent. 75 630 tonnes auraient été exportées cette année. F. Boumediène