Le centre de détention de la base navale américaine de Guantanamo (Cuba) où 5 accusés du 11 septembre doivent comparaître pour la première fois, jeudi, est devenu un symbole d'excès de la “guerre contre le terrorisme” de l'administration de George W. Bush. Plus de 800 hommes et adolescents sont passés par le centre, depuis son ouverture en janvier 2002 et environ 270 s'y trouvent encore pour la plupart, depuis des années sans inculpation. Les cages à ciel ouvert dont les photos ont fait le tour du monde sont depuis longtemps rendues aux herbes folles et aux iguanes. Même les hangars où les détenus étaient parqués comme dans un chenil sont désormais presque vides. Aujourd'hui, la plupart des prisonniers se trouvent dans deux prisons modernes construites sur le modèle de pénitenciers de haute sécurité américains. Les détenus sont seuls dans leur cellule, éclairée en permanence et d'où ils ne sortent que deux heures par jour, pour une récréation dans un espace à peine plus grand. Les plus dangereux portent une combinaison orange, la majorité sont vêtus de beige, et les plus coopératifs portent un habit blanc. Un seul détenu, l'Australien David Hicks, a été condamné devant un tribunal militaire d'exception, après avoir plaidé coupable de soutien au terrorisme dans le cadre d'un accord réduisant sa peine à neuf mois de prison. Il est aujourd'hui libre dans son pays. Une quinzaine d'autres détenus ont été inculpés de crimes de guerre, mais aucun réel procès n'a encore commencé. Et la Cour suprême américaine doit se prononcer avant la fin juin pour la troisième fois sur la légalité du trou noir juridique dans lequel les détenus sont plongés. Les trois successeurs potentiels du président Bush, le républicain John McCain et les démocrates Barack Obama et Hillary Clinton, se sont engagés à fermer le centre de détention, évoquant son image désastreuse sur la scène internationale, sans dire pour autant ce qu'ils entendaient faire des détenus. M. Bush, lui-même, a plusieurs fois évoqué son “objectif” de fermer le centre de détention, mais son ministre de la Défense, Robert Gates, a récemment reconnu que les Etats-Unis se trouvaient “coincés”, notamment avec les détenus qu'ils ne souhaitent pas garder mais qui ne trouvent pas de pays d'accueil. R. I./Agences