Des juristes internationaux, observateurs de procès marocains contre les militants sahraouis des droits de l'Homme, ont souligné que “la répression qui s'abat sur le peuple sahraoui vise à entraver sa lutte pour son droit à l'autodétermination”. “Nous réitérons notre préoccupation face à la multiplication des poursuites contre les militants sahraouis sous des imputations de droit commun”, ont souligné, dans un communiqué de presse, Nicola Quatrano, magistrat italien de cassation à Naples, mandaté par OSSIN (Osservatorio internazionale onlus), France Weyl et Aline Chanu, avocates françaises, mandatées par l'AIJD (Association internationale des juristes démocrates), par l'AAA (Association américaine des juristes) et par DS (Droit-Solidarité), ainsi que Andres Marin et José Alfredo Pereira, avocats espagnols au barreau de Badajoz, représentants de l'ODH (Observatorio des derechos humanos y extranjeria). Citant le cas d'Ennaama Asfari, militant sahraoui des droits de l'Homme, arrêté par les autorités marocaines et dont le procès “constitue l'apogée” de cette politique de répression, les juristes persistent à considérer que “les poursuites engagées contre lui ne reposent sur aucun élément sérieux, sont en lien direct avec son engagement dans la lutte du peuple sahraoui pour son droit à l'autodétermination et n'ont d'autre objet que de tenter de porter atteinte à son image et d'entraver la poursuite de sa lutte”. Ils s'élèvent “en faux” contre l'ensemble des accusations contre le militant sahraoui qui est également co-président du Comité pour le respect des libertés et des droits humains au Sahara occidental (Corelso), basé à Paris. Concernant les procès d'Asfari, les juristes rappellent qu'ils ont assisté aux deux audiences des 21 et 28 avril 2008 devant le tribunal de Marrakech, qu'ils ont pu prendre connaissance des pièces du dossier et qu'il en résulte de “manière incontestable” que le militant sahraoui “a été interpellé dimanche 13 avril 2008 au soir à Marrakech où il se trouvait pour des raisons personnelles, alors qu'il était suivi depuis plusieurs jours par une voiture de police banalisée”. “Il n'a été présenté au procureur de Marrakech que le mardi 15 avril 2008 vers 10h” et “dans l'intervalle, il n'a pu faire prévenir sa famille ni avoir de contact avec un avocat, et ce, au mépris des articles 67 et 74 du code pénal marocain”, ont-ils dénoncé. Ils ont poursuivi que “durant le temps de sa rétention, il a subi des violences graves, dont il a montré les traces dès la première audience du 21 avril 2008, puis à son épouse venue le visiter en prison le 22 avril 2008 et, enfin, lors de la deuxième audience du 28 avril 2008”. “Malgré ses demandes réitérées dès sa première présentation au procureur, il n'a pu obtenir la visite d'un médecin”, ont-ils ajouté. Les juristes ont relevé des “contradictions manifestes entre ses déclarations et celles d'un prétendu témoin lors de l'audience du 21 avril 2008”. Face à l'ensemble de ces éléments, entre autres, ils ont retenu que “compte tenu de la connaissance (qu'ils ont) de la situation actuelle au Sahara occidental, de la personnalité d'Ennaama Asfari, du harcèlement dont, comme les autres militants des droits de l'Homme, il fait l'objet, des menaces dont il avait été l'objet dans les semaines précédentes”, ces procès sont un “montage pour réprimer toute expression en faveur du droit à l'autodétermination du peuple sahraoui”. R. I./Agences