L'Union européenne ne cesse de fournir une aide financière au Maroc qui bénéficie d'un statut avancé. Des juristes et des intellectuels ont appelé l'UE à ne pas allouer de l'aide au Maroc, car celle-ci sert à «renforcer ses infrastructures militaires au Sahara occidental et poursuivre sa répression contre les populations civiles et les défenseurs sahraouis des droits de l'homme». Cet appel émane des participants à un symposium international sur le Sahara occidental, organisé à Ljubljana, en Slovénie. Conséquence de l'obtention d'un statut avancé avec l'Union européenne, le Maroc devait recevoir de l'UE une aide financière sensiblement augmentée à 360 millions d'euros en 2009 contre 290 millions d'euros initialement. En 1970, les aides de l'UE au Maroc étaient de 20 millions d'euros mais elles ont atteint 230 millions en 2008. Le Maroc se classe à la première place des bénéficiaires de ces aides. Lors de ce séminaire, tenu jeudi dernier, une ministre autrichienne, Karine Shil, a relevé «le caractère ambigu de la politique de l'UE vis-à-vis de la question sahraouie». Elle a fait part de sa conviction que «la cause sahraouie occupait progressivement sa place au sein de la société civile européenne». Les participants y ont exprimé «leur soutien indéfectible à la lutte du peuple sahraoui sous la direction de son représentant unique et légitime, le Front Polisario». Ils ont, en outre, souligné la nécessité de permettre aux observateurs internationaux, aux organisations des droits de l'homme et aux médias étrangers d'accéder au territoire du Sahara occidental. Les participants à ce symposium, tenu sous le thème «Sahara occidental, problème non résolu», ont exigé des autorités marocaines de mettre fin à leur politique de violations des droits de l'homme et de libérer immédiatement les prisonniers politiques sahraouis qui croupissent dans les prisons marocaines. Les intervenants ont appelé le Front Polisario et le Maroc à poursuivre les négociations directes sous les auspices des Nations unies afin de «parvenir à une solution juste et pacifique conformément au droit et à la légalité internationale.» Ils ont, par ailleurs, demandé le respect du processus de décolonisation au Sahara occidental et la préservation de ses ressources naturelles, tout comme ils ont dénoncé le pillage des richesses halieutiques qui baignent dans les eaux territoriales sahraouies que violent certains pays par le biais d'accord de pêche «illégaux». Le président du comité d'amitié Slovénie-Sahara occidental, qui a souligné l'importance de cette rencontre, première du genre en Slovénie, a appelé à poursuivre l'action de solidarité et de sensibilisation au sein de la société européenne en vue de lever le voile sur le «danger» que représente l'occupation marocaine au Sahara occidental et ses «retombées négatives» sur la coopération entre l'Europe et la région du Maghreb. Le juriste espagnol, Carlos Miguel, estime que «l'intransigeance» du Maroc à la lumière de la complicité et la conspiration des forces coloniales, était la «principale entrave à toute tentative de règlement du conflit au Sahara occidental». Un autre juriste international a développé une comparaison entre la question du Timor oriental et le Sahara occidental intitulée «Deux questions de décolonisation identiques comme deux gouttes d'eau». Le ministre conseiller de la présidence de la Rasd, Mohamed Sidati a, pour sa part, développé les objectifs de la lutte du peuple sahraoui que sont l'autodétermination et la liberté, soulignant «le rôle et la responsabilité» de l'UE face à ce conflit et la contribution attendue de cette dernière dans le cadre du respect du droit international et l'application des résolutions des Nations unies. Un message de militants sahraouis des droits de l'homme sur les souffrances endurées par le peuple sahraoui sous l'occupation a été lu à l'adresse des participants.