Le processus de négociations entre le Maroc et le Front Polisario est aujourd'hui sérieusement compromis par “la politique de répression menée par les forces d'occupation marocaines”. C'est ce qu'a déclaré, hier, l'ambassadeur de la RASD à Alger, Brahim Ghali, lors d'une conférence de presse, tenue au siège de la chancellerie. “L'arrestation et la détention des 7 militants sahraouis des droits humains, la confiscation des pièces d'identité à 7 autres Sahraouis et la multiplication des violations aux droits de l'Homme, dans les territoires occupés du Sahara occidental, sont très préoccupantes et mettent en danger le processus de paix”, a expliqué le diplomate. Pour ce dernier, les arrestations arbitraires et les différentes formes d'humiliation s'inscrivent dans le cadre de la politique de répression et de terreur visant à faire taire la voix des Sahraouis qui revendiquent un droit reconnu internationalement. La dernière escalade s'inscrit dans l'optique du terrorisme officiel de l'administration occupante et ne sert pas la paix dans la région, a indiqué M. Ghali, rappelant que cette situation a poussé le Polisario et les autorités de la RASD à adresser des appels pressants, notamment au secrétaire général des Nations unies, au Conseil de sécurité, à l'envoyé particulier de l'ONU au Sahara occidental, au Comité onusien des droits de l'Homme, à l'UE et à l'UA. L'ambassadeur sahraoui a mis en avant la responsabilité du Maroc qui, dira-t-il, cherche à réduire à néant les efforts de l'ONU pour une solution pacifique. Depuis le début du mois d'octobre, le Maroc a, en effet, intensifié son agression contre les Sahraouis des territoires occupés. Des militants sahraouis des droits de l'Homme, de retour des camps de réfugiés (Tindouf, au Sud-Est algérien), ont été arrêtés le 8 octobre dernier, à l'aéroport de Casablanca, pour avoir exprimé pacifiquement leur soutien à l'autodétermination du peuple sahraoui. Après plusieurs jours d'interrogatoire, ces militants seront traduits devant un tribunal militaire marocain. Auparavant, le 5 octobre, 7 autres Sahraouis ont été empêchés de sortir des territoires occupés, alors qu'ils devaient se rendre en Mauritanie. Après de longs interrogatoires, ils se sont vu confisquer leurs pièces d'identité. De l'avis de M. Ghali, la politique exercée actuellement par Rabat montre que la nature coloniale et expansionniste du Maroc n'a pas changé. Pis encore, son ouverture démocratique et ses déclarations en faveur des droits de l'Homme ne sont que de la poudre aux yeux et sont destinées à tromper l'opinion publique internationale, précisera-t-il. Le diplomate a clairement laissé entendre que l'urgence va vers l'intensification de la solidarité internationale et le déploiement de l'effort international pour aider les militants sahraouis arrêtés et protéger les citoyens sahraouis des territoires occupés. “Nous réitérons notre appel au secrétaire général de l'ONU et au Conseil de sécurité pour que la Minurso (Mission onusienne pour un référendum au Sahara occidental, ndlr) intègre dans son mandat la question des droits de l'Homme”, a souligné Brahim Ghali. Non sans interpeller la responsabilité entière de l'ONU envers le territoire non autonome de l'ex-colonie espagnole. L'orateur a tenu à rappeler que le peuple sahraoui est pacifique (…), mais il est aussi attaché à son droit. “Nous restons ouverts à toutes les options légitimes pour que le peuple sahraoui puisse choisir démocratiquement son destin”, a-t-il soutenu. Notons que la recrudescence des attaques contre les Sahraouis intervient à la veille de la tenue, les 2 et 3 novembre prochain, de la 6e édition du Forum pour l'avenir, à Marrakech. Une rencontre internationale qui verra la présence, pour la première fois, de la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton. Interrogé sur ce sujet, le diplomate sahraoui a annoncé qu'”un dossier complet est sur la table de Mme Clinton”. Un dossier fourni, entre autres, par des congressmen, la fondation US Robert-Kennedy et la Fondation américano-sahraouie, qui met en exergue les atteintes aux droits de l'Homme par un pays ayant pourtant signé et ratifié les principales conventions internationales des droits de l'Homme, notamment la Déclaration universelle des droits de l'Homme et les Conventions de Genève.