Réviser la loi sur les associations devient une nécessité. Si le ministre de l'Intérieur a évoqué cet impératif, lors d'une intervention jeudi au Conseil de la nation, c'est que les dernières émeutes qui ont éclaté un peu partout à travers le pays ont révélé l'absence flagrante d'associations sur le terrain. Lorsqu'on sait que le nombre d'association a sensiblement augmenté de 1992 à 2008 d'environ 63 000 agréments, passant de 30 000 à 81 000, il est tout à fait clair qu'il s'agit aujourd'hui de faire le tri afin de ne garder que celles capables de respecter le cahier des charges sociales pour lequel elles ont été autorisées à activer. Yazid Zerhouni n'a pas manqué de rappeler les récents évènements enregistrés dans les wilayas de Ghardaïa (Berriane), Chlef et Oran. Après avoir précisé que la wilaya de Chlef compte 1 721 associations, Ghardaïa où le nombre d'habitants ne dépasse pas les 300 000 en compte 1 867 et Oran 3 348 dont 622 sportives, il s'est interrogé sur l'absence de ces associations lors de ces évènements. Une absence, a-t-il fait remarquer, qui s'est fait ressentir lors des “incidents” qu'a connus la wilaya d'Oran après la défaite d'une équipe de football. En effet, au lieu de constituer un canal de dialogue, ces associations, qui ont toujours brillé par leur absence sauf lorsqu'il s'agit de rentrer en jeu lors d'élections législatives ou présidentielles en vue de bénéficier de budget de campagne, peinent à s'organiser. Le ministre n'a pas écarté de saisir la justice afin de dissoudre des associations qui ne respectent pas leurs engagements. “Une expérience de 15 ans d'activité associative a démontré qu'à l'exception de certaines associations, la majorité reste absente”, a-t-il affirmé. Face à cette situation, Noureddine Yazid Zerhouni a annoncé que son département formulera prochainement une proposition au gouvernement sur un projet de révision de la loi sur les associations, ajoutant que “le pays a besoin d'associations crédibles qui s'engagent à travailler avec les communes et les wilayas pour améliorer le quotidien des citoyens”. Pour le ministre de l'Intérieur, “95% des associations agréées n'ont jamais présenté le rapport officiel sur leurs activités tel que prévu par la loi”. Et d'ajouter : “La majorité d'entre elles n'ont jamais présenté leur rapport financier.” Devant les sénateurs, Yazid Zerhouni a également expliqué pourquoi son administration refuse de donner des agréments à certaines associations. “Cela est dû dans la majorité des cas à des dossiers incomplets ou non valides, ou encore lorsque la raison avancée par le demandeur est incompatible avec le champ d'action de la société civile.” Le nombre total des associations agréées avoisine aujourd'hui les 81 000, a-t-il enchaîné, avant d'ajouter que “cela prouve que la réponse de l'administration aux demandes d'agrément est généralement positive à moins qu'il s'agisse de dossiers incomplets ou d'incompatibilité de la nature de l'activité déclarée avec la vocation associative à l'instar de l'activité politique qui relève du domaine des partis politiques”. M. Zerhouni a dit à ce propos, qu'“il n'y a pas de politique qui s'oppose aux activités à caractère associatif”, affirmant l'existence d'associations qui “demandent des autorisations pour récupérer des dons envoyés par certains pays que l'on retrouve ensuite sur le marché”. Arguments à l'appui, le ministre a cité à titre d'exemple, une association qui, “après avoir obtenu l'agrément pour participer à des activités culturelles, a demandé une autorisation au ministère de l'Intérieur pour la réception d'un don en provenance d'Allemagne sans payer les taxes douanières”. Il s'est avéré que celle-ci a “reçu des ordinateurs impropres à l'usage”, a-t-il conclu. Salim Tamani