Les Pays-Bas, ajoutant une solidarité défensive à leur arsenal offensif, se sont qualifiés pour les quarts de finale de l'Euro en balayant (4-1) la France, qui n'a désormais plus son destin en mains et peut trembler pour la suite dans le groupe C, avec un final contre l'Italie le 17 juin. On disait les Pays-Bas joueurs, s'exposant aux contres. C'est faux. Les hommes de Van Basten ont surpris avec un bloc bien organisé, plus bas que prévu : une nouvelle arme dans leur besace, déjà riche en attaquants. Les Oranje, assurés de finir premiers du groupe, se posent ainsi en favoris pour la suite. Le jeu des Néerlandais fut moins délié au départ que contre l'Italie lundi (3-0). Mais un premier but sur corner de Kuyt, mal marqué par Malouda, sur leur première occasion (9'), a suffi pour mettre les Bataves sur la voie des quarts. Même si, sous les coups de boutoir des Français en début de seconde période, les Pays-Bas ont montré quelques signes de fébrilité, c'est un contre assassin de Robben, passeur décisif pour Van Persie, qui a coulé le navire français (0-2, 59). Puis Robben a aggravé la marque sur un dernier contre (1-3, 72'), avant un dernier coup de poignard de Sneijder (1-4, 90+2). Bravo au passage à Van Basten pour son coaching avec l'entrée gagnante de Robben et Van Raymond Domenech a été clairvoyant cette semaine. Il avait annoncé un France-Italie en guise de “finale” du groupe C pour ses Bleus. Ce sera le cas, avec cette menace : les Français ne sont plus maîtres de leur destin. Même en cas de victoire, il ne seront pas sûrs d'être qualifiés, car si la Roumanie s'impose contre les Néerlandais, ce sera fini pour eux. On disait que la qualité première des Bleus était leur défense, qui n'avait pas encaissé de but depuis 5 matches avant ce vendredi. Mais elle n'a tenu que 9 minutes à Berne, la faute à un très mauvais marquage de Malouda sur Kuyt. C'est d'autant plus rageant que le jeu des Bleus de vendredi était nettement plus plaisant que contre la Roumanie lundi (0-0). Le mérite en revenait à un 4-2-3-1 ressuscité, avec Evra à la place d'Abidal, Govou en milieu droit, Ribéry meneur axial et Henry seul en pointe, auteur de son 45e but en sélection (record en cours chez les Bleus) sur une passe de Sagnol (le score était alors de 1-2, 71'). Dans ce système, déjà utilisé avec succès, en dehors du Mondial-2006, face à l'Italie, battue 3-1 en qualification aller de l'Euro, Ribéry est plus libre. Même s'il a, du coup, une petite tendance à pencher à gauche, du côté de Malouda. Le joueur de Chelsea a vécu un match cauchemardesque, après son erreur sur le but. Dommage car, quand il est enfin sorti de ce trou noir, le Guyanais a apporté son écot au réveil offensif des Bleus à la demi-heure de jeu. Malouda a trop écrasé sa frappe (34'), avant que Govou ne trouve les gants de Van der Sar (même 34e minute) ou que Ribéry n'oblige le gardien batave à un arrêt en deux temps (35'). Vainqueurs successivement des champions et des vice-champions du monde depuis le début de l'Euro-2008, avec 7 buts inscrits contre 1 encaissé, les hommes de Van Basten deviennent les grands favoris du tournoi. Ils auront en plus l'avantage de pouvoir faire tourner leur effectif lors du dernier match du groupe, contre la Roumanie mardi, avant d'attaquer leur quart de finale.