Le seul chargement de Berriane est estimé à 1,5 million d'euros. Lors des investigations qu'ils ont menées, les enquêteurs tombent sur un autre réseau de trafic de documents, notamment de permis de conduire, cartes grises, registres du commerce, qui alimentent les groupes terroristes. C'est l'une des plus grosses affaires de trafic d'armes entre le Maroc et l'Algérie, à laquelle est mêlé l'ex-GSPC, qui va être examinée aujourd'hui par la cour de justice de Boumerdès. Plus de 38 personnes sont impliquées, parmi elles 27 arrêtées, 3 laissées en liberté provisoire dont 2 femmes, alors que 8 seront jugées par contumace, y compris le chef de ce réseau de trafic, l'ex-numéro un de la zone 2 de l'ex-GSPC, Haraek Zoheir alias Sofiane Al-Fassila, tué par l'ANP en octobre 2007. L'affaire remonte au 11 octobre 2006, lorsque les services de sécurité, agissant sur renseignements, organisent une embuscade aux environs de Berriane, dans la wilaya de Ghardaïa, et éliminent K. Redhouane dit Mohamed, et L. Samir, deux terroristes qui se trouvaient à bord d'un camion avec de faux documents et surtout bourré d'armes. Les services de sécurité mettent la main sur 18 fusils de type Kalachnikov, 329 balles et 18 chargeurs destinés aux maquis de l'ex-GSPC basés au centre du pays. L'enquête aboutit quelques jours après à l'arrestation de plusieurs personnes dont S. Mohsghir, 49 ans, originaire de Cap-Djinet, et déjà condamné à 8 ans de prison pour avoir introduit une première fois du Maroc un pistolet 9 mm qu'il a vendu à B. Ferhat. Une fois libéré en 1999, il fut contacté par des terroristes de l'ex-GSPC envoyés par Sofiane El-Fassila pour leur acheter des armes au Maroc. Et c'est ainsi que S. Mohsghir effectue illégalement, en 2000, un premier voyage au Maroc et ramène 2 000 balles pour kalachnikov qu'il remet à des personnes liées au groupe terroriste. Quelques semaines après, il introduit 3 000 autres balles, puis 2 500 balles deux mois après. En septembre 2006, il rencontre à Ghardaïa El-Bakri qui le met en contact avec Boualem qui n'était autre que Sofiane El-Fassila, alors numéro 2 de l'ex-GSPC, avec lesquels il traite un accord pour la livraison de 20 fusils de type Kalachnikov et une grande quantité de munitions. Le prix d'une seule arme a été fixé à 15 millions de centimes et la pièce de munitions à 150 DA. Un mois après, il introduit encore 20 fusils de type kalachnikov et 4 000 balles. L'argent reçu est échangé contre des euros. Le seul chargement de Berriane est estimé à 1,5 million d'euros. Lors des investigations qu'ils ont menées, les enquêteurs tombent sur un autre réseau de trafic de documents, notamment de permis de conduire, cartes grises, registres du commerce, qui alimentent les groupes terroristes de l'ex-GSPC. En effet, la plupart des camions et de véhicules ayant été utilisés pour ces transactions étaient dotés de faux documents. Les accusés vont répondre aujourd'hui devant les juges des chefs d'accusation d'adhésion à groupe terroriste, trafic d'armes de guerre et d'explosifs, et financement de groupes terroristes, non-dénonciation, apologie de crimes, falsification de faux documents administratifs et blanchiment d'argent. Cette affaire pleine de rebondissements ne manquera pas de faire d'autres révélations, notamment sur l'origine des armes et l'identité des vendeurs qui activent au Maroc. M. T.