D'interrogations en révélations, l'affaire de la libération, dans le Sud algérien, de 17 touristes européens continue à alimenter la controverse. Cette fois-ci, et après l'affirmation de la radio RTL à propos de l'assaut fictif que l'armée algérienne avait déclaré mené pour libérer les otages des mains du groupe qui les détenait, c'est autour du sérieux et très informé hebdomadaire allemand Der Spiegel de revenir sur l'épisode de la libération du premier groupe de touristes. Dans son édition à paraître aujourd'hui et déjà disponible on line, Der Spiegel, en s'appuyant sur des sources des gouvernements des pays occidentaux concernés, apporte une première confirmation : “Des sources des gouvernements des pays auxquels appartiennent les touristes affirment que l'armée algérienne n'a déclenché l'opération militaire contre les ravisseurs que suite à un contact visuel par surprise entre les militaires algériens et le groupe de ravisseurs.” L'hebdomadaire sous-entend que cette clarification a été apportée par les autorités algériennes pour justifier leur action armée. D'autant que l'ensemble des pays occidentaux concernés par cette affaire avait exigé comme priorité la sécurité des otages. Bien sur, l'affirmation pourrait battre en brèche la thèse algérienne, selon laquelle l'assaut a été longuement et minutieusement préparé. Elle dément aussi le fond même de la thèse de l'assaut, dans le sens où les éléments de l'armée seraient tombés par surprise sur les ravisseurs, d'où le début d'un échange de tirs des deux côtés. Mais elle confirme a priori que la libération des touristes n'a été possible que par une action armée. La version du “contact visuel” pourrait aussi avoir été avancée par les autorités militaires algériennes afin d'assurer les gouvernements occidentaux concernés que, comme prévu, Alger n'avait pris aucun risque inutile. Et que dans tous les cas, une fois que l'armée et les terroristes se sont retrouvés nez-à-nez, la vie des touristes serait en danger et la seule alternative consistait à déclencher l'opération. Der Spiegel révèle aussi que, selon des sources sécuritaires, l'armée algérienne aurait retrouvé sur les lieux du ratissage, avant l'opération, une cassette vidéo contenant un message enregistré par le groupe terroriste qui détenait les touristes. Dans ce message vidéo, les ravisseurs déclarent être des “islamistes armés demandant une rançon pour libérer les otages”. Selon les mêmes sources de l'hebdomadaire allemand, les deux groupes terroristes seraient sous le commandement du terroriste Abderrazak “le Para”, l'ancien militaire déserteur et bras droit de Hassen Hattab, chef du GSPC. Y'a-t-il eu ou non une action armée pour la libération du premier groupe de touristes ? Hormis un journaliste autrichien qui avait affirmé l'inexistence d'une quelconque action armée, quelques instants après la libération des touristes, il se trouve que, côté allemand, il n'y a pas l'ombre d'un doute, l'armée algérienne a arraché les touristes, par la force, des mains de leurs ravisseurs. Les médias allemands auraient eu confirmation auprès des ex-otages. Une question : était-il prudent de la part des Algériens de monter un tel scénario, tout en sachant que, tôt ou tard, les otages libérés sortiront de leur silence pour revenir sur les conditions de leur libération ? H. B.