Le ministre du Tourisme, qui s'est exprimé hier à l'APN devant la commission de la culture et du tourisme, affirme que ceux-ci se portent bien. Jour après jour, l'affaire des 31 touristes européens disparus dans le Sud algérien continue à alimenter la chronique et à dévoiler, à travers des bribes d'information, ses dessous. Evoquée comme une piste sérieuse, la thèse de l'enlèvement est, aujourd'hui, une certitude. C'est un membre du gouvernement qui l'a confirmé, hier, devant les parlementaires. Auditionné par les membres de la commission culture et tourisme de l'Assemblée populaire nationale, le ministre du Tourisme et de l'Artisanat, Mohamed Lakhdar Dorbani, a fait deux révélations de taille. Selon lui, les touristes “se portent bien et des contacts sont en cours pour leur libération”. Ce qui n'était qu'une présomption dans la bouche du ministre de l'Intérieur est donc bel et bien une réalité. Intervenu vendredi dernier sur les ondes de la radio nationale, Noureddine Yazid Zerhouni a révélé que les touristes seraient vivants. “Nous avons trouvé des messages écrits de ces touristes, dans lesquels ils affirment qu'ils sont toujours en vie, et des vêtements, notamment au sud de la wilaya d'Illizi”, avait-il indiqué. Visiblement, le ministre de l'Intérieur ne voulait pas trop s'avancer publiquement sur cette affaire. Parcimonieux, il s'est contenté de livrer quelques menus détails à l'opinion. Or, plus que de simples indices laissant penser que les touristes sont encore en vie quelque part dans le Sahara, l'appréciation de Dorbani sur leur état de santé fait office de preuve que l'ensemble des étrangers a été non seulement localisé mais retenu en otages. D'ailleurs, le ministre du Tourisme le confirme doublement en révélant que “des contacts sont en cours pour leur libération”. Depuis quand ? Quelle est l'identité de leurs ravisseurs ? S'agit-il d'un groupe terroriste, de contrebandiers ou de bandits ? Selon M. Guerrout Mohamed, président de la commission tourisme et culture, M. Dorbani a préféré laisser à son collègue de l'Intérieur le soin de répondre à toutes ces questions demain. Zerhouni est attendu au siège de l'APN, à 10 heures, pour donner de plus amples éclaircissements aux députés. Programmée puis reportée à plusieurs reprises, cette audition aura finalement lieu. Son déroulement est motivé par la disposition des pouvoirs publics à rompre, enfin, leur silence en développant un discours rassurant et serein. Seulement, force est de constater que les déclarations officielles, loin d'apaiser les rumeurs, n'ont fait que les amplifier. Dans un point de presse organisé à l'issue du dernier Conseil de gouvernement, Khalida Toumi, ministre de la Culture et de la Communication et porte-parole du gouvernement, avait affirmé qu'aucune piste de recherche n'était écartée. Le ministre de l'intérieur a reproduit, vendredi, le même discours. Du côté des militaires, la grande muette, fidèle à sa réputation, a préféré répercuter sa version des faits à travers des sources occultes. D'après un haut gradé de l'ANP, cité la semaine dernière par le quotidien français Le Monde, les touristes seraient aux mains du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC). Cette thèse sera battue en brèche par le colonel Benboudria, chef du quatrième corps de la gendarmerie à Ouargla. A la tête des opérations de recherche, ce dernier a récusé l'éventualité d'un rapt par des terroristes. Selon lui, les touristes auraient peut-être quitté le territoire national. Désormais, on sait qu'ils se trouvent encore en Algérie, pris en otages par un groupe avec lequel le gouvernement négocie leur libération. Impatientes de voir leurs ressortissants regagner sains et saufs leurs pays, les autorités autrichienne et allemande font un véritable pressing sur l'Etat algérien. Dans une lettre adressée, mercredi dernier, à Bouteflika, le chancelier allemand Gerhard Schroeder a fait montre de sa grande inquiétude quand au sort des touristes. Demandant au chef de l'Etat de “tout mettre en œuvre pour les sauver”, il lui a, par ailleurs, proposé l'envoi d'experts allemands en renfort pour prendre part aux recherches, ce qu'Alger a refusé. S. L.