Cette action en justice est motivée par le refus de la wilaya de donner une suite à la demande introduite, il y a plus de quatre mois, par le CMA pour la tenue des assises de cette organisation à Tizi Ouzou. Le Congrès mondial amazigh (CMA) a introduit une requête en référé au niveau de la chambre administrative de la cour de justice de Tizi Ouzou contre l'administration de la wilaya. Cette action en justice, selon Me Mezil, qui s'exprimait, hier à l'occasion d'une conférence de presse animée par le président du CMA à la Maison des droits de l'Homme et du citoyen de Tizi Ouzou, est motivée par le refus de la wilaya de donner une suite à la demande introduite, il y a plus de quatre mois, par le CMA pour la tenue des assises de cette organisation à Tizi Ouzou. “Par cette action, nous voulons savoir quels sont les motifs invoqués par l'administration, dont l'attitude est injustifiée ?” explique l'avocat Saïd Mezil, qui dit ne pas se faire d'illusions à ce sujet. L'avocat aura la réponse sous huitaine. Le président du CMA, dans une déclaration liminaire, revient sur les objectifs du référé. D'abord, obliger le wali à répondre par écrit à la demande du CMA, faire condamner, ensuite, l'administration pour discrimination et, enfin, permettre la tenue des assises du CMA à Tizi Ouzou. Parallèlement à cela, le CMA a saisi les Nations unies et l'Union européenne. “Au niveau de l'UE, nos démarches se sont appuyées sur l'accord d'association entre l'Union et l'Algérie, en particulier sur le non-respect de l'article 2 relatif au respect des principes démocratiques et des droits de l'Homme”, déclare Belkacem Lounès. L'interpellation n'est pas restée sans suite. Deux rendez-vous ont été pris avec les instances européennes. Une première entrevue sera accordée à la délégation du CMA par le président du Parlement européen, M. Hans-Gert Pottering, le 30 juin, alors que le 1er juillet, les représentants de l'ONG amazigh seront reçus au département des Affaires étrangères de la Commission européenne, à Bruxelles. “Nous partirons en délégation pour exposer aux instances européennes la situation des violations des droits et des libertés individuels et collectifs en Algérie”, informe M. Lounès qui poursuit : “Il est hors de question d'accepter l'arbitraire de l'administration algérienne, ni le sacrifice de l'article 2 de l'accord d'association Algérie-UE sur l'autel des intérêts économiques de l'Europe, ni que l'Algérie continue d'ignorer les droits fondamentaux des Amazighs et ses obligations en matière de respect de la légalité internationale”. Par ailleurs, le CMA prévoit de tenir une manifestation, le 13 juillet à Paris, à l'occasion du sommet de l'UPM (Union pour la Méditerranée) pour alerter l'opinion publique internationale. Les préparatifs des 5es assises interviennent dans un moment où l'ONG vit des déchirements internes latents. Le CMA fait l'objet, en effet, d'une guéguerre en sourdine entre deux clans diamétralement opposés. Si l'actuel président et ses soutiens dans le bureau fédéral (BF) du CMA sont catalogués comme étant des autonomistes, leurs adversaires se recrutent essentiellement dans les milieux “culturalistes” qu'on dit proches d'un ancien délégué des archs dialoguistes. On lui prête des intentions d'accaparer cette organisation dans un dessein inavoué. La preuve de ces déchirements nous vient du conseil fédéral (CF) du CMA qui a gelé les activités de Hocine Azem, vice-président du CMA. Cette décision a été entérinée en date du 23 février 2008 à Meknès, au Maroc. C'est ce que nous apprend un document signé par les adversaires de Lounès et Azem. Ce denier siège au CMA au nom de l'association Amusnaw, dont l'un des responsables émarge pour le compte du clan des culturalistes. Apostrophé à ce sujet, Belkacem Lounès, dont le second mandat à la tête du CMA s'achève avec la tenue du 5e congrès, parle de diversion. Il a beau ignorer ce conflit d'intérêts, la réalité est que l'ONG qu'il préside est au bord de l'implosion. “Pour le moment, le BF s'occupe du congrès”, répond-il lapidairement, précisant au passage que le CMA pourrait se rabattre sur le Maroc, où quatre villes sont prêtes à accueillir ce rendez-vous organique. Il s'agit de Meknès, Marrakech, Tanger et Agadir. Y. A.