Ménageant le chou et la chèvre, le président français, qui a réitéré son soutien sans faille à Israël lundi, a tenté, hier, de ne pas s'aliéner les Arabes en rencontrant le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas. À ce dernier, il a affirmé que la création d'un Etat palestinien était une “priorité” pour la France et a réitéré son appel à l'arrêt de la colonisation juive. Dans une conférence de presse à l'issue de leur entrevue, le président français a déclaré : “Je l'ai dit à nos amis Israéliens, on ne résoudra pas l'injustice faite au peuple juif en créant les conditions d'une injustice pour le peuple palestinien.” Il a ajouté que “la sécurité d'Israël est non négociable pour la France, mais la création d'un Etat viable, démocratique, moderne pour les Palestiniens est une priorité pour la France”. Partant de là, il dira que “la France demande le gel de la colonisation, y compris à Jérusalem-Est”. Pour rappel, lundi, Sarkozy n'a cessé de rappelé qu'il était un “ami” d'Israël, tout en affirmant que la sécurité de l'Etat hébreu “ne sera véritablement assurée que lorsqu'à ses côtés, on verra enfin un Etat palestinien indépendant, moderne, démocratique et viable”. Il avait notamment affirmé qu'“il ne peut y avoir de paix sans l'arrêt de la colonisation” en Cisjordanie, alors que la poursuite de la colonisation, notamment à Jérusalem-Est, constitue la principale entrave au processus de paix. Il avait aussi mis l'accent sur le fait qu'“il ne peut y avoir de paix si les Palestiniens ne combattent pas eux-mêmes le terrorisme (...) Il ne peut y avoir de paix sans la reconnaissance de Jérusalem comme capitale des deux Etats”. Par ces déclarations, qui ne constituent pas vraiment un changement avec la politique de la France depuis plus d'un quinzaine d'années, il aura néanmoins réussi à satisfaire Palestiniens et Israéliens. Il a su gagner la confiance des dirigeants de l'Etat hébreu à travers des caresses dans le sens du poil, qui ont effacé l'ancienne image que donnait le président Jacques Chirac, qui était perçu par Israël comme pro-arabe, une réputation encore alourdie par les incidents ayant émaillé sa visite à Jérusalem en octobre 1996. “L'ami authentique” d'Israël, comme il est qualifié dans ce pays, a su forcer l'admiration de ses hôtes en faisant des déclarations du genre : “Chers amis d'Israël, vous êtes forts, vous êtes plus forts que vous ne le croyez (...) et quand on est fort, on doit tendre la main. C'est toujours le plus fort qui tend la main le premier et c'est le plus faible qui refuse la main tendue.” Dans un discours quasi similaire à Bethléem, où il a dit aux Palestiniens : “La France est l'ami du peuple palestinien et nous mettrons au service de la création de votre Etat la même force et le même engagement mis au service de la sécurité d'Israël.” Il ne manquera tout de même pas d'égratigner le Hamas en affirmant : “La France discute avec les hommes et les femmes courageux qui font de la politique et non pas du terrorisme. La France discute avec les hommes de paix et non pas les poseurs de bombes.” K. ABDELKAMEL