Le président de l'Autorité palestinienne est soumis à une terrible pression, pour accepter la composante du gouvernement d'Abou Mazen. Un refus de sa part plongera le pays dans une crise constitutionnelle. C'est aujourd'hui que Yasser Arafat doit donner sa réponse pour la mise en place du premier gouvernement de l'histoire de l'Autorité palestinienne placé sous la direction d'un premier ministre. Désigné à cette fonction, Mahmoud Abbas Abou Mazen est entré en conflit avec le chef de l'OLP avant même qu'il ne prenne ses fonctions. Les deux hommes n'arrivent pas à trouver un terrain d'entente sur le nom du ministre de l'intérieur. Proposé à ce poste par le Premier ministre, le colonel Dahlane est catégoriquement rejeté par Yasser Arafat pour cause d'un vieux différend entre les deux hommes. Devant l'intransigeance du leader de l'OLP, Abou Mazen menace tout simplement de remettre le tablier, pour montrer sa détermination à assumer pleinement sa fonction avec le maximum de prérogatives. Le refus de Yasser Arafat d'accepter le ministre de l'intérieur suggéré par Abou Mazen est motivé par la peur de perdre le contrôle de la situation interne en Palestine, estiment des analystes du conflit du moyen-orient. L'on se dirige tout droit vers une crise constitutionnelle, si un accord n'est pas trouvé aujourd'hui avant minuit. Dans ce bras de fer, le président de l'autorité palestinienne est en très mauvaise posture, car son numéro deux d'hier et rival d'aujourd'hui bénéficie du soutien de Washington, de Tel-Aviv et d'une bonne partie de la communauté internationale. Il est clair que Bush et Sharon ont trouvé l'interlocuteur idéal en la personne de Mahmoud Abbas, et le colonel Dahlane constitue un soutien de choix dans la politique que compte mener le nouveau premier ministre palestinien vis-à-vis d'Israël. Hostile à la militarisation de l'Intifada dont il qualifie les résultats de pas satisfaisants, Abou Mazen serait disposé à négocier avec Sharon en fonction des nouvelles donnes au proche-Orient après la chute du régime de Saddam Hussein qui soutenait la Palestine sans réserves. Cela est loin de plaire à Yasser Arafat, qui ne veut pas s'aliéner les radicaux palestiniens. Il cherche à ménager le chou et la chèvre en poursuivant la lutte tout en tentant de mettre un terme aux attentats suicide. La poursuite des incursions militaires israéliennes qui font des victimes quotidiennement dans les territoires autonomes n'arrange pas les choses pour le patron de l'OLP, qui évite de donner l'impression de baisser les bras ou d'empêcher les Palestiniens de se défendre. On lui prête l'intention de vouloir désigner Nabil Chaath à la place de Mahmoud Abbas. Mais, il sait pertinemment que la démission de ce dernier sera très mal accueillie par la communauté internationale et il en résulterait des conséquences néfastes pour la cause palestinienne sur la scène diplomatique. D'ailleurs, la publication de la “feuille de route” du plan de paix du quartette est assujettie par Bush à l'investiture du gouvernement d'Abou Mazen. Le président américain laisse planer le doute quant à une éventuelle publication du document prévoyant la création d'un Etat palestinien en 2005, en cas de départ de Mahmoud Abbas. Il faut reconnaître que la marge de manœuvre de Yasser Arafat est vraiment réduite devant les pressions exercées sur sa personne pour accepter le cabinet choisi par le premier ministre. Ira-t-il jusqu'à prendre des risques qui hypothèqueraient la naissance d'un Etat palestinien d'ici deux années ou cédera-t-il à la pression ? K. A.