Les invités de l'espace de débat ouvert au quotidien national ont estimé que la société civile est affaiblie par une conjoncture politique peu propice à son épanouissement. Le rôle de la société civile dans la consolidation du processus démocratique a servi de toile de fond au débat ouvert, hier, au forum d'El Moudjahid. Les invités de l'espace de discussion, offert par le quotidien national, ont relevé une certaine confusion dans la compréhension de la société civile. Mohamed Khodja, membre du Conseil de la nation, a donné une définition académique du concept, en ce sens que la société civile doit marquer son indépendance de l'Etat et du politique. Elle ne doit pas chercher des profits lucratifs à travers son action. Il a précisé qu'elle n'est pas uniquement constituée d'associations, mais aussi d'intellectuels et de personnalités du monde culturel et sportif. Il a indiqué qu'avec la promulgation de la loi sur les associations en 1987, quelque 11 000 associations sont créées entre cette année-là et 1990. La nouvelle loi sur le mouvement associatif de 1990 a carrément provoqué une éclosion d'une multitude d'organisations non gouvernementales, de tailles diverses. À son avis, la société civile n'est pas assez organisée et encadrée pour participer au renforcement de la démocratie en Algérie. “Elle est encore faible” a-t-il affirmé, en soulignant qu'il sera utile de consacrer d'abord la citoyenneté. “Il existe une sorte d'anarchie dans l'exercice des libertés et des droits”, a-t-il conclu. Le secrétaire général de l'Union générale des étudiants libres (Ugel) est d'une opinion différente. Il a déclaré que le mouvement associatif et la société civile ont pleinement accompli leurs missions-devoir pendant la décennie noire. “Ils ont fait preuve de maturité quand les objectifs étaient clairs”. Il a certifié que la conjoncture politique actuelle ne favorise pas l'épanouissement des ONG algériennes. Mme Benhabylès, ancienne ministre et présidente de l'Association de soutien à la femme rurale, affirme que le danger induit par la société civile et les associations réside dans leur étroite relation avec les partis politiques, alors qu'ils devraient être “la conscience du pouvoir”. Elle a assuré que les associations, qui ne sont pas affiliées à “des formations politiques ou à des ambassades éprouvent d'énormes difficultés à financer des activités organiques”. Pour M. Taâzibt, vice-président de l'APN pour le compte du Parti des travailleurs : “II ne convient pas d'exclure un citoyen d'une ONG parce qu'il est militant dans un parti politique.” Il a reconnu, néanmoins, que le financement des associations couvre parfois de gros lobbyings politiques. Autrement, il a estimé qu'il ne revient pas au mouvement associatif ou à la société civile de régler les problèmes cruciaux qui se posent à la société et à la nation. C'est là le rôle de l'Etat. S. H.