Elles ont enregistré 500 000 déclarations d'accidents en 2002. “Si la collectivité locale nationale, notamment les pouvoirs publics, ne prennent pas de dispositions efficaces pour lutter contre l'ampleur des accidents de la route et pour augmenter les tarifs de l'assurance obligatoire automobile immédiatement, les compagnies d'assurances encourent le risque de subir un choc financier, qui les précipitera dans la faillite”. L'avertissement émane du premier responsable de la première société d'assurance publique, en l'occurrence la SAA, lors d'une rencontre, hier, avec la presse organisée par le Conseil national des assurances. Selon M. Latrous Amara, PDG de la SAA, “les compagnies d'assurances ont enregistré en 2002 plus de 500 000 déclarations d'accidents dont près de 15% sont des accidents corporels qui ont entraîné près de 4 500 morts et 45 000 blessés. Les coûts occasionnés, chaque année, sont estimés par certaines autorités à plus de 40 milliards de dinars. Les compagnies d'assurances, nous dit-on, paient environ 10 milliards de dinars alors que les sinistres restants à payer, s'élèvent à 15 milliards de dinars. Les conséquences financières des accidents de la route augmentant sans cesse, inquiètent les responsables des compagnies d'assurances. D'autant que, affirment-ils, le tarif de l'assurance obligatoire auto est en stagnation. Le prix moyen annuel de l'assurance obligatoire automobile, précise-t-on, n'est que de 1 300 dinars. C'est pourquoi les assureurs demandent aux pouvoirs publics de lutter efficacement contre la gravité et la fréquence des accidents de la circulation. Mais aussi prendre des mesures pour obtenir un équilibré technique entre les primes servies et les sinistres”. Selon M. Latrous, pour une prime de 100 dinars, la compagnie paye 153 dinars de sinistre. Du coup, il avertit sur le risque de voir les compagnies d'assurances refuser d'assurer les automobilistes. “Elles ne peuvent pas continuer à supporter les conséquences financières des accidents de la route sans qu'elles reçoivent, en contrepartie, un juste prix de l'assurance”, pense le PDG de la SAA. Ce dernier a évoqué l'escroquerie à l'assurance, directement liée aux problèmes des accidents de la route, et qui prend de plus en plus d'ampleur. M. Latrous a parlé d'une société d'assurances, dont il a préféré ne pas citer de nom, mais tout le monde aura compris qu'il s'agissait de la SAA qui, après enquête, a eu à rejeter plus de 250 millions de dinars de faux sinistres. Semble-t-il, les pouvoirs publics n'ont pas répondu favorablement à la demande des compagnies d'assurances concernant l'augmentation des tarifs des primes d'assurances. Seulement, le problème est pris en charge, souligne M. Messaoudi, secrétaire permanent du Conseil national des assurances. Ce dernier reconnaît que la gap entre les tarifs actuels et les coûts du sinistre est évalué à environ 40%. Ce gap serait compensé par les pouvoirs publics. Messaoudi rappelle que les assurances obligatoires sont un marché offert aux compagnies d'assurances, sans que celles-ci fassent des efforts. Le chiffre d'affaires du secteur a augmenté de 25% par rapport à celui réalisé en 2001 qui était de 22 milliards de dinars, selon M. Messaoudi, qui n'a pas voulu donner les détails du bilan à voir son examen par le ministère des Finances. Mais la tendance est la même, la part des assurances des personnes est insignifiante. Soufi Hadj Tahar, PDG de la CIAR, une compagnie privée, estime que le marché algérien des assurances n'est couvert qu'à hauteur de 17% seulement. “Il y a de la place pour tout le monde et un énorme marché reste à prospecter”, soutient-il. M. R.