La chancelière Merkel, qui était restée trop discrète lors du sommet de Paris, en est sortie grandie et renforcée, elle qui a réussi à imposer un changement radical de la vision de Sarkozy et la mise sous contrôle de Bruxelles de tout le processus. Un sommet et puis s'en vont ? La question mérite d'être posée, au lendemain de la tenue du sommet inaugural de l'UPM, d'autant plus que la déclaration finale a laissé un goût d'inachevé, et laissé transparaître une volonté de lancer (ou relancer ?) le processus euroméditerranéen coûte que coûte. Le président Bouteflika n'a pas attendu le début des travaux du sommet pour en minimiser la portée et émettre quelques doutes au sujet de la finalité de cet ensemble en gestation. Il est vrai qu'entre le projet initial du président Sarkozy et la copie imposée par la chancelière Merkel, avec l'appui de Bruxelles, une grande mer sépare les deux visions. Et c'est là que l'Espagne, jusque-là observatrice du show en préparation, entre en scène pour réclamer le secrétariat général de l'UPM, arguant de son rôle actif dans le processus de Barcelone, qui se poursuit dans l'UPM. Cette intrusion espagnole a bien évidemment fait des mécontents, notamment le Maroc qui espérait “hériter” du secrétariat général. La question fâche tellement qu'elle a été laissée pour plus tard. Autant dire que rien n'a été tranché lors du sommet de Paris. Car hormis “la photo de famille”, deux ou trois empoignades symboliques, rien n'est sorti de ce sommet. Et rien ne dit que le président Sarkozy, en baisse de popularité chez lui, ait réussi “une percée internationale”. Le processus de paix au Proche-Orient est et restera la chasse gardée des Américains. Bachar Al-Assad, à qui Paris avait pourtant déroulé le tapis rouge pour sa sortie de l'isolement, avait bien dit qu'il fallait attendre l'élection d'un nouveau président américain pour entrevoir un quelconque règlement du conflit avec Israël. Bien avant Sarkozy, Chirac et Mitterrand avaient essayé de fouler le sol moyenoriental. Ils ont été éconduits par les locataires de la Maison-Blanche. Par contre, la chancelière Merkel, qui était restée trop discrète lors du sommet de Paris, en est sortie grandie et renforcée, elle qui a réussi à imposer un changement radical de la vision de Sarkozy et la mise sous contrôle de Bruxelles de tout le processus. La chancelière allemande, qui tient à ce que l'argent qui profite aux pays de l'Europe de l'Est, chasse gardée de l'Allemagne, ne soit pas affecté aux pays de la rive sud de la Méditerranée, a forcé la main à ses partenaires européens. Les pays membres de l'UPM devraient aller chercher des financements privés, et pourquoi pas dans les pays arabes du Golfe. A. B.