Les échanges commerciaux entre les deux pays restent très faibles. La coopération bilatérale entre l'Algérie et l'Afrique du sud, en dépit des efforts fournis, jusque-là, en est encore à ses débuts. Beaucoup de choses restent à faire à l'avenir. Les quelques accords signés, récemment, ne sont pas à la hauteur des potentialités qui existent entre les deux pays. Ce constat est établi, conjointement, par les deux chefs d'Etat, en l'occurrence Abdelaziz Bouteflika et Thabo M'Beki au cours de la 3e session de la commission bilatérale tenue, hier, au Palais des nations, au Club-des-Pins. Cette rencontre constitue d'ailleurs, souligne le président de la république, une opportunité d'approfondir la concertation et dégager les voies et moyens de donner une nouvelle impulsion au partenariat entre les deux nations. Il est ainsi, plus qu'indispensable de transformer la volonté politique, réellement exprimée par les deux gouvernements, en un partenariat stratégique entre les acteurs économiques des deux pays. L'Algérie et l'Afrique du sud sont deux nations qui n'ont pas de préjugés mutuels et qui se découvrent progressivement. Les deux pays s'apprécient dans certains secteurs. Néanmoins, deux principales contraintes sont susceptibles de freiner cette bonne volonté affichée par les deux parties. Il s'agit de la situation géographique et la lointaine distance qui séparent l'Algérie de l' Afrique du sud. La différence linguistique voire culturelle rend encore plus difficile la mise en œuvre de ce partenariat. Si la tendance générale en Algérie est orientée vers l'Europe et le monde arabe, l'Afrique du sud s'inspire, en revanche, des idées anglo-saxonnes. Mais force est de constater que ces trois dernières années, les opérateurs économiques commencent à pister des gisements qui peuvent être mutuellement exploités. Des domaines, tels que les télécommunications et les mines, sont d'ores et déjà identifiés. Notre pays, qui est en train de faire sa mutation dans la gestion des petites et moyennes mines et l'exploitation des ressources naturelles, programme initié par le ministère de l'Energie, pourrait bénéficier de l'expérience sud-africaine dans ce domaine. L'habitat et la construction des infrastructures sont, en outre, un secteur potentiel qui intéresserait les deux partenaires. Ces derniers gagneraient à dépasser le stade commercial pour songer à des opportunités de partenariat qui s'étaleront dans le temps. La meilleure formule, proposée par les experts des deux pays qui ont préparé, pendant plusieurs jours, la réunion d'hier, est celle des BOT. Ce système consiste en la construction, le transfert de propriété et l'exploitation d'infrastructures telles que les barrages, les routes, les structures ferroviaires… Le commerce avec ce pays, dira M. Benkhalfa, SG de l'association des banques et des établissements financiers (ABEF), est très coûteux. D'où la nécessité d'opter pour des projets liés à la technologie. Pour les finances, il est souhaitable que des projets identifiés soient accompagnés par les deux administrations compétentes. Les projets définis ont trait entre autres, à un échange de lignes de crédits qui permettront aux deux partenaires d'en bénéficier et d'atténuer, un tant soit peu, la contrainte financière. Les projets d'envergure doivent également être cofinancés à travers, ce qui est appelé communément, des crédits consortiaux. Cinq banques sont, à ce propos, en mesure d'accompagner un projet d'envergure qui s'inscrit dans le long terme. Par ailleurs, l'Etat algérien ne doit pas se contenter d'une coopération à sens unique. Le partenariat doit permettre, en effet, aux opérateurs algériens d'exporter leurs biens et services et d'être accompagnés par des banques sud-africaines sur le marché. “C'est dans ces pays où la volonté politique est réelle et que les aides des pouvoirs publics sont accordées que l'on peut tester nos capacités d'exportation des biens et services”, dira M. Benkhalfa. Pour cette édition, il est constitué 9 groupes de travail, tous secteurs confondus, présidés par des ministres des deux pays. L'idée principale est de transposer la coopération à partir des administrations et des organisations vers les entreprises. C'est dans ce sens que le forum des hommes d'affaires algéro-sud-africains a été organisé hier. Une vingtaine d'opérateurs sud-africains, spécialisée dans l'habitat, la mécanique, le médicament, ainsi que deux banques, ont pris part à cette rencontre. Des rendez-vous avec leurs homologues algériens ont été pris. L'ABEF rencontrera le conseil bancaire sud-africain au premier semestre 2003, en Afrique du sud. Les travaux ont été sanctionnés par l'adoption d'un plan d'actions avec un échéancier dans le but d'avancer les 15 accords déjà signés lors des deux précédentes sessions. B. K.