Des zones d'ombre entourent l'opération du hadj 2008 jusqu'à la sélection des organisateurs dénoncés par le Snav. Les journalistes de la presse écrite ont été surpris hier par la réaction irritée de Bouabdallah Ghoulamallah qui, semble-t-il, a perdu son sang-froid à la vue de la salle pleine de représentants des médias. Ces derniers ont été nombreux à se rendre hier à Dar El-Imam pour assister à la rencontre qui a réuni l'Office national du hadj et les agences de voyages et de tourisme retenues pour organiser l'opération de pèlerinage 2008. “Je me demande d'où vous détenez les informations que vous écrivez. Vous n'êtes que des perturbateurs”, a-t-il lancé avec beaucoup de véhémence à l'attention des journalistes qui mettront un bon moment pour réaliser que le ministre des Affaires religieuses et des Waqfs venait tout bonnement de les exclure. “Ceux qui n'ont pas été conviés à cette rencontre purement professionnelle doivent quitter la salle. Je ne tiens pas à me retrouver avec de mauvaises interprétations sur ce qui va être débattu aujourd'hui”, poursuit-il en faisant l'exception pour la télévision et l'APS. Les journalistes ont eu vent de cette rencontre par le biais de l'agenda de l'APS, qui est une source d'information officielle qui, souvent, leur sert d'invitation en plus du fait que le sujet du hadj intéresse au plus haut point les citoyens qui sont concernés directement. Pourquoi Ghoulamallah serait-il dérangé par la présence des journalistes ? Appréhenderait-il des questions gênantes sur la gestion de l'opération du hadj ? Les zones d'ombre entourent la sélection de l'Office national du hadj lui-même, remis en cause par les agences de voyages qui se connaissent parfaitement entre elles. Le retard accusé par l'office a été sévèrement dénoncé par les agences soumissionnaires, suivi de la réaction du Syndicat national des agences de voyages (Snav) dont la voix s'est élevée officiellement pour dénoncer, sur de longues colonnes, “les manœuvres de certains”, ce qui se traduit par la défaillance de l'office et réclamer, en définitive, l'ouverture d'une enquête. Les médias (notamment certains journaux indépendants), qui suivent régulièrement le dossier portant sur l'opération du hadj, n'ont pas manqué de faire état des péripéties de cette organisation qui, comme chaque année, se caractérise par des insuffisances qui se répercutent directement sur le pèlerin. Les pouvoirs publics ont annoncé l'augmentation de 30% des frais d'hébergement et de transport et de préciser qu'il a été décidé d'en supporter 50%. Il serait plus judicieux encore de mettre de l'ordre dans l'organisation de cette opération, à commencer par l'institution même qui s'occupe du choix des organisateurs. D'une commission à un office, nombreux sont ceux qui soutiennent que ce n'est que l'appellation qui a changé pour reproduire les mêmes pratiques. D'autres incohérences ont été dénoncées par les agences de voyages, à l'exemple de celle qui a soumissionné, selon le cahier des charges correspondant, au passeport international pour se retrouver dans la catégorie des passeports spécial hadj. Le ministre a affirmé, hier, que pour la première fois, le privé est associé à l'organisation en ce qui concerne le passeport spécial hadj (d'habitude alloué à l'Onat et au TCA) au moment même où d'autres professionnels nous ont assurés que l'année dernière le privé y a participé avec 250 places. Ils seront pas moins de 36 000 hadji à se rendre aux Lieux saints, dont 8 000 avec un passeport international, répartis entre 8 agences de voyages (500 chacune), au lieu des 16 de l'année dernière et le reste avec un passeport spécial hadj pour un coût fixé à 280 000 DA. Nabila Saïdoun