Devant le silence affiché par les Nations unies, en pleine période de réflexion avant d'entamer les prochaines étapes de négociations entre le Maroc et le Front Polisario, le souverain chérifien a dépêché une délégation auprès de Ban Ki-moon dans l'intention de tirer profit de la situation en brandissant le spectre du terrorisme dans la région. La porte-parole des Nations unies a annoncé jeudi que la question du Sahara Occidental a été au centre d'une rencontre à New York, entre le secrétaire général de l'ONU et une délégation marocaine conduite par le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, Taieb Fassi Fihri, composée de Mohamed Yassine Mansouri, directeur général des études et de la documentation, accompagnée de l'ambassadeur représentant permanent du Maroc auprès de l'ONU, El-Mostafa Sahel. Cette initiative marocaine intervient alors que l'ONU “n'avait pas pour l'instant de détails nouveaux à communiquer” sur cette question, demeurée au stade de réflexion pour relancer les négociations entre le Front Polisario et Rabat. La seule nouveauté, révélée le 18 juillet dernier, est le maintien de l'envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies au Sahara Occidental à son poste malgré l'opposition des Sahraouis. Ces derniers estiment qu'il s'est disqualifié de la fonction de médiateur depuis qu'il a affirmé en avril dernier, dans son dernier rapport au Conseil de sécurité, que l'option de l'indépendance est “irréaliste et irréalisable”. “Le statut de M. Van Walsum n'a pas changé. Il demeure l'envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies et fait partie du processus de réflexion sur les prochaines étapes”, aurait ainsi déclaré Ban Ki-moon à la délégation marocaine. Cette dernière, rappelant le momentum créé par l'initiative marocaine d'autonomie, qui serait la cause du déclenchement du nouveau processus de négociations engagé à Manhasset depuis avril 2007, a brandi le spectre du terrorisme dans la région pour le presser à agir rapidement dans le sens du dernier rapport de Van Walsum. Il n'en demeure pas moins, que le SG de l'ONU semble déterminé à temporiser, comme l'indique sa réplique à ses interlocuteurs : “Après le dernier rapport du secrétaire général et l'ultime exposé au Conseil de sécurité, il a été décidé de donner du temps à la réflexion avant de convoquer une cinquième série de pourparlers.” Combattre le terrorisme au Maghreb est devenu le cheval de bataille du royaume alaouite dans sa nouvelle stratégie visant imposer son plan d'autonomie au Sahraouis, lesquels, par la voix du Front Polisario, revendiquent toujours un référendum d'autodétermination comprenant les trois options que sont l'autonomie, l'indépendance ou le ralliement pur et simple au Maroc. Pour Rabat, le référendum ne sera organisé que s'il se limitait à la seule proposition de l'autonomie sous souveraineté marocaine. Il ne fait aucun doute, que ce refus catégorique de ne s'explique que par la crainte de voir les colons marocains, largement majoritaires par rapport aux Sahraouis recensés par la Minurso et aptes à voter, dire oui à l'indépendance du Sahara Occidental. K. ABDELKAMEL