De quelle autorité pourrait bien se prévaloir un wali dés lors qu'il est jeté en pâture et que son importance est sérieusement amoindrie ? Lorsque le Président déclare haut et fort que “nous n'avons ni walis ni walis délégués”, quand bien même la situation dans beaucoup de wilayas laisserait à désirer, faudrait-il alors s'attendre à des miracles dans l'exécution du programme présidentiel. Après les ministres, le président de la République s'en prend aux walis. Lors d'une réunion avec les maires, organisée hier à la coupole Mohamed-Boudiaf à Alger, le chef de l'Etat a non seulement remis en cause le niveau de gestion et de compétences des hauts cadres de l'administration, mais il reconnaît que la démarche suivie jusque-là dans le processus de relance économique est incorrecte voire incohérente. Si l'on doit admettre que le président Bouteflika veuille donner un coup de pied dans la fourmilière en tentant de mobiliser les cadres de base à quelques mois de l'élection présidentielle de 2009, on ne peut s'empêcher de relever le caractère paradoxal de ses critiques à l'égard des walis. En effet, de quelle autorité pourrait bien se prévaloir un wali dés lors qu'il est jeté en pâture et que son importance est sérieusement amoindrie ? Lorsque le Président déclare haut et fort que “nous n'avons ni walis ni walis délégués”, quand bien même la situation dans beaucoup de wilayas laisserait à désirer, faudrait-il alors s'attendre à des miracles dans l'exécution du programme présidentiel qui accuse d'énormes retards ? En même temps, il est vrai aussi que les dernières émeutes sont la signification de l'absence des représentants de l'administration sur le terrain. Après “vous m'avez menti”, une phrase prononcée à l'inauguration il y a deux ans du nouvel aéroport d'Alger, mais qui n'a pas eu d'incidences sur le gouvernement et encore moins sur les ministres directement concernés, le Président refait ça et attaque de façon frontale les walis qu'il a lui-même désignés. Si les pouvoirs publics ont fait du rétablissement et du respect de l'autorité de l'Etat un de leurs principaux objectifs, il va sans dire qu'ils doivent, eux, en premier donner l'exemple afin que la crédibilité de l'Etat soit totalement recouvrée au sein de la société. Ainsi, un discours d'une telle virulence envers l'administration est appelé à être conforté sur le terrain par des mesures à même de lui donner un prolongement concret. Dans le cas contraire… A. A.