Ce vendredi fut un grand jour à Aït Saâda, un village de la commune de Yatafène au cœur du Djurdjura. Dans l'enceinte de l'école plus que centenaire, enseignants, élèves et parents se sont retrouvés pour un moment de fête et de solidarité. Grâce à une association des émigrés du village et à une autre du terroir au nom très évocateur de Thizizwa (abeilles), les meilleurs élèves – tous niveaux confondus – ont été récompensés. La meilleure bachelière s'est vu offrir un ordinateur portable. Des appareils photos numériques, des lecteurs DVD, des baladeurs musicaux MP3 ainsi que divers autres cadeaux ont été offerts aux enfants résidant au village même. Les enfants qui en sont originaires sans y habiter n'étaient pas concernés. À Alger, l'un d'entre eux, élève au lycée français Alexandre-Dumas, a obtenu son bac avec mention très bien. Un autre a obtenu plus de 17 de moyenne dans la wilaya de Tipasa. Evidemment, il ne s'agissait pas de les exclure. Les promoteurs du prix ont voulu surtout apporter leur solidarité à ceux qui sont confrontés à la dure réalité des montagnes, faisant que leur succès est un véritable exploit. Les donateurs sont d'anciens élèves de l'école qui a célébré il y a quelques années son centenaire. Parmi eux, un professeur à l'université italienne de Trieste, expert auprès de l'Unesco et de l'Agence internationale de l'énergie atomique. “Il a tracé un sillon que vous devez fertiliser. C'est son modèle que nous vous conjurons d'imiter”, a lancé un organisateur à l'adresse de tous les élèves. Au fil des générations, Aït Saâda a nourri l'Algérie de nombreux cadres aujourd'hui éparpillés à travers le pays. C'est aussi un village qui a pourvu la révolution en martyrs. Le sentiment nationaliste était telle que les Pères-Blancs avaient voulu en faire une terre d'élection. Ils n'y sont jamais parvenus. Cette première cérémonie est appelée à se renouveler chaque année. Les organisateurs ont répété aux jeunes que les études sont le meilleur passeport pour la vie. Ils les ont incités à ne pas se laisser vaincre par le découragement et le sort des diplômés qui n'est pas toujours enviable. Y. K.