Les négociations menées à Pretoria, en Afrique du Sud, par Mugabe et son opposant sont dans l'impasse. “Les discussions ne peuvent progresser car les négociateurs de la Zanu-PF, le parti de Mugabe, étaient seulement mandatés pour discuter de la vice-présidence et de rien d'autre”, a dit un responsable du Mouvement pour le changement démocratique (MDC) qui participe aux négociations parrainées par le président sud-africain Thabo M'beki. Le président zimbabwéen, qui s'est fait réélire dans des conditions les plus controversées, n'est disposé à offrir qu'un poste de vice-président à son rival Tsvangirai qui l'avait dépassé au premier tour des présidentielles mais qui a dû jeter le gant face à la répression et aux menaces proférées par Mugabe. “Le MDC est le parti le plus important au Parlement et tout ce qu'ils pourraient nous offrir est la vice-présidence. Evidemment, ce n'est pas acceptable”, a précisé le représentant de Tsvangirai. Pire, Tsvangirai s'est vu offrir la seconde vice-présidence, un poste purement symbolique ! On ferait pas mieux pour humilier un parti qui a la majorité au Parlement et dont le leader serait passé comme une lettre à la poste si la consultation électorale avait été démocratique. Les discussions entre la Zanu-PF et le MDC ne sont pas rompues à la demande et devant les pressions des Sud-Africains dont le président Thabo M'beki souhaite terminer son mandat sur au moins une victoire dans la région. Pourra-t-il cependant forcer Mugabe qui lui doit tout ? Placées directement sous son égide, les négociations inter-zimbabwéennes visent à mettre fin à la crise politique dont le point d'orgue a été la réélection de Robert Mugabe à la présidence, le 27 juin, lors d'un second tour boycotté par son adversaire Morgan Tsvangirai. Arrivé en tête au premier tour sans obtenir de majorité absolue, Tsvangirai s'était retiré quelques jours avant le second tour, invoquant des violences qui ont fait, selon lui, 120 morts parmi ses partisans. Le porte-parole de Tsvangirai a fait savoir que le chef de file de l'opposition s'était rendu lundi en Afrique du Sud pour “affaires personnelles” mais n'avait pas rencontré ses émissaires. Il devait les rencontrer hier, avant de participer aujourd'hui à une réunion de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC) en Angola. La SADC, craignant qu'une crise au Zimbabwe s'étende aux pays voisins, est à l'origine de la médiation menée depuis mars 2007 par M'beki. Et après le simulacre des présidentielles à Harare, la SADC et l'Union africaine ont appelé les partis zimbabwéens à former un gouvernement d'unité nationale, seule solution, selon eux, pour enrayer la crise économique et éviter une escalade des violences politiques. L'Afrique du Sud a même donné deux semaines aux représentants de chaque camp pour conclure les négociations. Tsvangirai entend en prendre la tête du gouvernement d'union et réclame de nouvelles élections le plus tôt possible, alors que Robert Mugabe, au pouvoir depuis l'indépendance en 1980, entend aller au bout de son mandat de cinq ans. D. B.