Il ne se passe pas une semaine sans que l'on ne repêche au large des côtes oranaises un cadavre. Soit celui d'un harrag dont l'odyssée vers les côtes ibériques ne tourne au drame, soit celui d'un baigneur téméraire qui ne savait pas nager. Les cas de noyade en cette période estivale sont légion et ont déjà endeuillé plusieurs familles. Mais depuis quelques mois, la mer rejette assez de drôles de colis : des paquets entiers de kif traité apparemment prêt à être commercialisé sur le marché. En effet, le jeudi 24 juillet, les gendarmes mettaient la main sur un ballot de 32 kg au niveau de la plage de Sidi-Abdelkader, près de Achacha dans la wilaya de Mostaganem. Dans ce colis étaient dissimulées 300 plaquettes de kif de 100 grammes chacune. Cette prise ne serait pas totalement isolée puisque les éléments du Darak El Watani ont récupéré auparavant et en quelques jours seulement, sur les mêmes berges mostaganémoises 57 kg de kif au niveau de la plage de Sidi-Mansour, 40 à Sidi-El-Mejdoub et 30 à Aïn Brahim non loin de Sidi-Lakhdar. Sidi-Lakhdar pour les férus du chaâbi porte le nom du chantre Lakhdar Bakhlouf, saint homme, guerrier et poète de qaçaïdes qu'ont chantées tour-à-tour feu Hadj El-Anka et Hadj Guerrouabi. Par ailleurs et toujours sur les mêmes côtes, la Gendarmerie nationale, alertée par des riverains de Stidia de la présence d'un curieux ballot qui avait échoué sur la plage, a mis à jour en l'ouvrant 57 kg de drogue soigneusement cachés. Vendredi 9 juillet, dans une autre wilaya, celle de Chlef, les gendarmes repêchaient au niveau de la plage Ksab non loin de Tenès un colis contenant 32 kg de kif et que les flots avaient fait échouer sur la rive. Il faut rappeler que le premier ballot du genre a été saisi sur la plage de Rechgoun dans la wilaya de Aïn Témouchent il y a deux mois. Dans tous les cas de figure, ce phénomène assez nouveau sur notre littoral renseigne sur deux choses : primo, que les narcotrafiquants ont changé de mode opératoire et préfèrent convoyer leur marchandise par cabotage. Secundo, que la vigilance de nos gardes-côtes les a obligés à se délester à chaque ronde de vedette de leur “poison” quitte à perdre des millions de dinars dans l'affaire. Mustapha Mohammedi