Hécatombe n Le nombre de cadavres de harragas repêchés au large par les gardes-côtes de la Marine nationale, a triplé en l'espace de quatre ans. De 29 en 2005, il est passé à 98 en 2008. Le phénomène de l'émigration clandestine devient, ainsi, de plus en plus préoccupant, voire alarmant. Depuis des années, la courbe des jeunes fuyant le pays vers d'autres cieux est ascendante. Les mesures judiciaires répressives, mises en place récemment par les autorités en vue de mettre un terme au phénomène de la harga, semblent, en définitive, n'avoir aucun effet sur la volonté intransigeante des jeunes de gagner l'autre rive de la Méditerranée. Le bilan de ces dernières années établi par le commandement des forces navales confirme cette tendance qui va de mal en pis. En effet, 2008 a été l'année la plus meurtrière pour les harragas. Les services en question ont repêché 98 corps sans vie, soit une hausse de 37% par rapport à l'an 2007 durant laquelle les gardes-côtes avaient enregistré 61 morts. Pour la même période, les forces navales ont effectué 88 interventions dans le cadre de la lutte contre ce fléau. Ces opérations ont permis l'interception de 1 327 jeunes Algériens en majorité âgés, précise le bilan, entre 21 et 29 ans. La majorité de ces émigrés clandestins, note la même source, provient de la côte Est du pays avec 636 dont 442 viennent de la seule wilaya d'Annaba. Il est aussi établi que les harragas effectuent, généralement, leur traversée en été, en raison des conditions climatiques favorables en cette période de l'année. Une hausse sensible du nombre de morts et de tentatives de traversée est nettement perceptible par rapport aux quatre dernières années. En août dernier, 246 personnes ont été interceptées. En 2007, les forces navales ont intercepté 1 259 clandestins et 61 corps sans vie ont été repêchés au large des côtes. Le bilan de l'année 2006 s'élevait, quant à lui, à 1 016 personnes interceptées et 73 morts par noyade repêchés. Le nombre en 2005 n'a été que de 335 et 29 cadavres repêchés. En somme, de 2005 à 2008 il y a eu 261 morts en mer et 3 937 personnes interceptées par les forces navales. Ainsi, les rangs des candidats à l'émigration clandestine grossissent de jour en jour et l'année en cours s'annonce déjà chargée pour les gardes-côtes qui ont intercepté, au cours des dix premiers jours du mois de janvier, 17 harragas au large des côtes de Mostaganem. Toutefois, ces chiffres, faut-il le souligner, ne reflètent pas en réalité l'ampleur et l'étendue du phénomène puisqu'ils ne mentionnent pas le nombre de disparus en mer, les cadavres repêchés par les gardes-côtes étrangers et les harragas arrivés à bon port. A cela, il faut ajouter les personnes qui ont été refoulées d'Europe. Selon la même source, pour la seule année 2008, 639 clandestins interceptés ont été refoulés par les autorités de différents pays européens. Un chiffre également en hausse par rapport à ceux des années 2007 et 2006 où l'on a enregistré 189 et 532 cas de refoulement respectivement. Durant ces trois dernières années, 1 360 émigrés clandestins ont été interceptés puis rapatriés.