Un nouveau drame de l'émigration clandestine s'est déroulé, la veille de la célébration des fêtes de l'Aïd, au large des côtes oranaises. En effet, pas moins de quinze prétendants à l'Eldorado promis, embarquaient dimanche dernier, vers les coups de 21h, à bord d'un bateau en partance des côtes des Andalouses vers les rivages espagnols. Une traversée montée avec les sacrifices consentis par chacun pour s'en sortir. Ils sont venus d'Oran, de Maghnia, d'Alger et de Tizi-Ouzou et avaient entre 20 et 29 ans. Ils étaient loin de se douter que c'était leur dernier voyage. Les risques calculés, ils pensaient, qu'avec un peu de chance, ils allaient débarquer sur les terres ibériques, mais la scoumoune s'en mêla, ils étaient bons pour un remorquage et une présentation devant la justice. Cependant l'enjeu, dans leur intime conviction, valait la peine de courir ce risque. L'embarcation prit la mer et, avec elle, les espoirs les plus fous. Quelques kilomètres de navigation, plus tard, le moteur explose dans le silence de la nuit marine. Les harragas, pris de panique, essaient tant bien que mal de limiter les dégâts et d'éteindre le feu ; certains corps repêchés présentaient des brûlures sur différentes parties. Les clandestins commencent à entrevoir le pire et délestent le bateau du surplus. Ces jeunes candidats à l'émigration clandestine avaient choisi la veille de l'Aïd pour prendre le risque de traverser la mer ; mais la dégradation du temps a été fatale pour leur embarcation qui coulera ; en effet, le mauvais temps aidant, l'embarcation, ballottée par les vagues, chavire. L'alerte a été donnée et les opérations de recherches en mer seront aussitôt lancées au large d'Oran. Finalement, c'est du côté de la plage des Coralès que les corps sans vie de six jeunes ont été repêchés, mardi, le premier jour de l'Aïd. Donc, c'est un navire de la Marine nationale qui parviendra à secourir le reste des naufragés à 8 miles du rivage. Un autre, s'en sortira à la force des bras, en venant s'échouer sur la plage des Coralès. Sept membres de l'infortunée traversée sont portés disparus et les recherches sont toujours en cours pour les retrouver. Les deux rescapés seront évacués vers les urgences médico-légales de l'hôpital d'Oran dans un état déplorable. Quant aux corps sans vie, ils se trouvent à la morgue. Hier encore, les garde-côtes de la Marine nationale poursuivaient leurs recherches d'éventuels survivants, car tout laisse à penser que ce groupe de harragas était plus important. Rappelons que depuis le début de l'année, l'on déplore malheureusement la mort de 11 candidats à l'émigration clandestine auxquels s'ajoutent ces six derniers décès. Aussi, faut-il signaler que plus de 160 harragas, depuis janvier 2006, parmi eux, des femmes enceintes et des jeunes filles, ont été interceptés et secourus par les garde-côtes ou des navires de passage alors que la mer continue à rejeter des cadavres en état de décomposition avancée. La première semaine de Ramadhan, neuf harragas, dont une femme enceinte, ont été repêchés par un bateau battant pavillon suisse alors qu'ils avaient passé 48h en haute mer. SAID OUSSAD/ Farah Boumediene