Aussi bien pour John Mc-Cain, un septuagénaire “expérimenté”, que pour le métis “inexpérimenté”, Barack Obama, le choix du vice-président est un véritable casse-tête. Jamais la désignation du numéro deux de la Maison-Blanche, dont le rôle est de remplacer le président en cas d'empêchement, n'aura été aussi cruciale. Jusqu'ici, les candidats n'ont pas encore trouvé un partenaire qui rassure leurs électeurs, sans leur faire d'ombre, alors qu'ils s'acheminent vers les conventions de leurs paris respectifs qui devraient les proclamer officiellement candidat à la succession de Bush. Si le républicain John McCain l'emporte en novembre, il sera, à 72 ans, le président le plus âgé à prêter serment de toute l'histoire des ?tats-Unis. Ayant surmonté trois débuts de mélanome, le plus grave des cancers de la peau, il reconnaît lui-même “l'importance accrue” du nom de celui qui l'accompagnera sur le “ticket” vers le bureau ovale, car en cas d'incapacité ou de décès du chef de l'?tat, le vice-président assure l'intérim. Ce fut le cas notamment de Lyndon Johnson, après l'assassinat de John F. Kennedy en 1963, ou de Gerald Ford, après la démission de Nixon en 1974 en plein scandale du Watergate. De son côté, Barack Obama est dans l'obligation de dénicher un second qui possède l'expérience et le poids politiques qui lui manquent aux yeux de certains électeurs indécis. En effet, à 46 ans, le sénateur de l'Illinois n'a même pas encore achevé son premier mandat au Congrès. Son ascension au plan national n'a commencé qu'en 2004…Les politologues américain estiment que plus que dans aucune autre présidentielle, le choix du vice-président fera une différence significative, particulièrement chez les électeurs indécis. Traditionnellement, dans une élection présidentielle américaine, le numéro deux de l'exécutif n'a guère d'influence sur le verdict des urnes, et la plupart des vice-présidents n'ont eu que des rôles honorifiques. Sauf avec Bush dont le second Dick Cheney est présenté comme l'éminence grise des néoconservateurs, qui ont pris en mains tout le pouvoir. Pas de nom donc mais pour Barack Obama, qui a passé une bonne partie de sa jeunesse à l'étranger, le choix de son partenaire est plus difficile en ce sens qu'il doit trouver quelqu'un qui rassure des électeurs un peu effrayés par la nouveauté du candidat de couleur. Le candidat démocrate a déclaré récemment qu'il voulait quelqu'un d'intègre, d'indépendant, qui lui dise quand il ou elle pense qu'il a tort, quelqu'un qui partage sa vision du pays et de l'objectif ainsi que sa volonté de faire évoluer la politique à Washington. Obama n'a cité personne mais des noms circulent, comme ceux du gouverneur de Virginie Tim Kaine ou de celle du Kansas Kathleen Sebelius, du sénateur de l'Indiana Evan Bayh ou de celui du Delaware Joe Biden. Il a laissé entendre qu'il n'envisageait pas vraiment de s'adjoindre Hillary Clinton, sa féroce adversaire lors des primaires, et une forte personnalité. Obama devra avoir réglé la question pour la convention nationale du Parti démocrate qui s'ouvre le 25 août, alors que John McCain dispose d'un peu plus de temps, la convention républicaine étant fixée au 1er septembre. Le vieux sénateur de l'Arizona pourrait lui se tourner vers son ex-rival des primaires, le gouverneur du Massachusetts Mitt Romney, le gouverneur du Minnesota Tim Pawlenty, l'ancien représentant de l'Ohio Rob Portman. On avance aussi le nom, moins évident car c'est un partisan du droit à l'avortement, sujet délicat s'il en est pour les conservateurs, de l'ancien ministre de la Sécurité intérieure Tom Ridge. C'est que le vice-président ne doit pas devenir un boulet pour le chef de la Maison-Blanche comme Dan Quayle, numéro deux de George Bush père, ou encore Spiro Agnew, le sherpa de Richard Nixon, forcé de démissionner en 1973 après avoir été mis en cause dans une affaire d'évasion fiscale.