Cela fait des semaines que les enseignants contractuels, notamment les grévistes de la faim, demandent une rencontre avec le ministre de l'Education. En vain. Les enseignants contractuels ne décolèrent pas. Ils sont déterminés à faire aboutir leur revendication et ouvrir le dialogue avec le ministre de l'Education nationale. Hier encore, ils ont tenu à démontrer qu'ils ne lâcheront pas prise. Rien ne les décourage, même pas le dispositif de sécurité qui était énormément renforcé afin d'empêcher les contractuels à accéder au département de Benbouzid. À leur 25e jour de la grève de la faim, les enseignants ont réussi à se faire entendre et à observer leur sit-in, juste en face du bureau du président de la République à El-Mouradia. Il était 10h lorsque les enseignants ont commencé à affluer en rangs dispersés vers le lieu du rassemblement. Alors que les dispositifs de sécurité étaient postés du côté du lycée Bouaâmama, ex-Descartes, les manifestants ont emprunté des ruelles et des impasses pour arriver à El-Mouradia, surprenant ainsi la police qui les attendait plus bas. La situation a dégénéré lorsque les manifestants ont tenté de brandir des pancartes où ils dénoncent leur situation. Des femmes et des hommes, voire même des citoyens, qui attendaient leurs taxis, ont été bousculés sous prétexte qu'aucun rassemblement n'est toléré. En l'espace d'une seconde, un important dispositif leur barre le chemin. Toutes les issues menant au département de Benbouzid ont été quadrillées et les manifestants contenus sur le trottoir faisant face à la Présidence, puis repoussés vers la rue Ali-Haddad, ex-rue Zaâtcha. Un autre groupe est bloqué plus loin. La situation semble pourtant à ce moment-là maîtrisable. Des membres du comité de soutien aux grévistes négocient avec les policiers pour qu'une délégation soit autorisée à se rendre au ministère pour déposer une lettre dans laquelle ils interpellent Benbouzid à ouvrir le dialogue. Obéissant aux ordres de leurs supérieurs, des policiers ont bousculé et embarqué toute personne qui a tenté de sortir de ladite ruelle. Les ordres étaient clairs : personne ne doit accéder au ministère de l'Education. Au moment où les négociations semblaient enfin porter leurs fruits, c'est l'escalade. Après avoir donné leur accord pour enfin laisser passer deux délégués pour déposer la requête au niveau ministère, les forces de sécurité ont embarqué l'un des deux délégués. Les deux syndicalistes ont eu le temps de faire quelques mètres avant d'être repoussés. “Ils disent que personne ne peut nous recevoir au niveau du ministère de l'Education”, déclare dépitée Meriem, représentante du Conseil national des enseignants contractuels. Les enseignants qui ont été interpellés ont été relâchés quelques heures plus tard. Une fois que la situation s'est calmée et les manifestants contenus à l'abri de la vue des passants, les éléments de la police ont permis à la représentante des enseignants contractuels d'accéder au bureau d'ordre de la Présidence où elle a déposé sa requête. “Nous avons eu la promesse que notre lettre sera transmise au ministre de l'Education. C'est malheureux que notre tutelle agisse de cette manière devant un grave problème qui risque de finir par un drame si elle n'intervient pas au bon moment”, a-t-elle déclaré. Signalons que plusieurs tentatives de médiation ont été faites par plusieurs membres de la société civile, mais aucune réponse de la part du ministre du secteur. Enfermé dans sa logique, il refuse toute prise de contact avec les grévistes de la faim. Nabila Afroun