Le gouvernement américain a appelé à un cessez-le-feu immédiat dans le conflit qui oppose la Russie et la Géorgie pour la République non reconnue d'Ossétie du Sud et menace Moscou de rétorsion. De leur côté, les autorités russes estiment que ce sont les ?tats-Unis qui ont orchestré le conflit en question. La commission sur la sécurité de la Douma (Parlement), considère que la crise actuelle en Ossétie du Sud rappelle fortement les guerres en Irak et au Kosovo : “Plus la situation se développe, plus le monde va comprendre que la Géorgie n'aurait jamais été capable de faire tout cela sans les ?tats-Unis.” Les Américains soutiennent, en effet, la Géorgie, officiellement oui et depuis longtemps. Mais Washington, qui était vraisemblablement au courant de l'offensive géorgienne, n'ira pas jusqu'à rompre ses relations avec la Russie. Bush cherche à obtenir un cessez-le-feu de la part de la Russie de sorte que le Conseil de sécurité prenne en charge la résolution du conflit. Mais Moscou dispose d'un veto. Pour le ministre russe des Affaires étrangères, le gouvernement géorgien a trouvé comment utiliser les armes qu'il s'est procurées ces dernières années et de comprendre pourquoi la Géorgie n'a jamais accepté l'offre de la Russie de signer un document par lequel “les parties se seraient engagées à ne pas recourir à la force pour régler le conflit en Ossétie du Sud”. Sergueï Lavrov a déclaré que la Géorgie a procédé, au cours de ces deux dernières années, aux achats massifs d'armes offensives. Les Russes soutiennent qu'ils ne cherchent qu'à établir des ceintures de sécurité au sud de l'Ossétie du Sud et de l'Abkhazie, deux provinces autoproclamées indépendantes, de façon à empêcher la Géorgie de reprendre toute initiative militaire. Les troupes russes ont mis ainsi la pression sur la ville de Gori près de Tbilissi et la vallée de Kodori en Abkhazie, deux zones conquises et abandonnées par les Géorgiens. Tant que les Russes n'auront pas atteint sur le terrain leurs objectifs militaires tactiques, les combats devraient durer. Un embargo maritime de la Géorgie s'était mis en place à la fois pour empêcher la livraison des armes à Tbilissi et asphyxier les dirigeants géorgiens. Le président géorgien pensait que le conflit pouvait se régionaliser, mais hormis les Occidentaux et les pays baltes, c'est le calme, sinon des appels à la négociation. Les Européens eux aussi ne peuvent pas grand-chose. La mission de la France, qui préside l'Union européenne, ne pourra aboutir que si les Russes atteignent leurs objectifs militaires. Et quand bien même l'UE a une carte à jouer, ses relations économiques et énergétiques avec les Russes et sa politique de bon voisinage avec les trois pays du Caucase du Sud. Sarkozy tente de servir de médiateur capable de rassurer Géorgiens et Russes. Le président géorgien, Mikheïl Saakachvili, a, de son côté, accepté les conditions de Bruxelles pour créer les conditions du dialogue, cherchant à internationaliser la crise pour modifier les règles qui président au processus de paix. Jusqu'à maintenant, le processus de paix en Ossétie du Sud est, depuis les accords de Dagomys signés en 1992, sous la responsabilité de la Commission mixte composée de la Russie, de la Géorgie, de l'Ossétie du Nord et de l'Ossétie du Sud, soit un rapport de force largement favorable à la ligne russe. Dans son offensive, Tbilissi a cherché à faire intervenir les Occidentaux dans la crise pour sortir de cette commission. D. B.