Le Premier ministre israélien, dont le retrait est désormais programmé, continue à tergiverser sur sa promesse de conclure un accord de paix avec le président palestinien, Mahmoud Abbas. Bien que les affaires de corruption dans lesquelles il est impliqué l'aient forcé à annoncer qu'il démissionnerait après la primaire de son parti, Kadima, prévue à la mi-septembre, Olmert donne l'impression de tout faire pour y parvenir ! Ce n'est qu'une impression aux yeux des Palestiniens qui dénoncent encore une manipulation destinée à leur faire endosser la responsabilité de l'échec des négociations. En effet, Olmert avait donné, par exemple, son accord pour le retour de 20 000 réfugiés palestiniens sur vingt ans, dans le cadre des négociations qu'il continue à mener avec Abbas, pour se rétracter tout de suite après l'annonce. Ensuite, il devait également annoncer un retrait de 93% de la Cisjordanie, le long de la frontière dessinée par la barrière se séparation en proposant “un échange” : l'annexion des 4 grands blocs de colonie contre la cession en guise de compensation de 5% de terres en lisière de la bande de Gaza et l'instauration d'un corridor entre ce territoire et la Cisjordanie. Tout de suite après, Israël conditionne cet échange par la mise en œuvre par l'Autorité palestinienne de réformes sécuritaires dont la reprise du contrôle de Gaza entièrement entre les mains de Hamas. Autant demander à Abbas dans les conditions actuelles de rallumer la guerre inter-palestinienne. Ces offres sont d'autant plus incertaines qu'elles passent sous silence l'épineuse question de Jérusalem. Pour couper court, les Palestiniens ont dénoncé la propagande d'Olmert. “Ni le Premier ministre, Ehoud Olmert, ni aucun autre responsable israélien ne nous ont jamais proposé d'offre globale et détaillée”, a déclaré Saëb Erekat, le négociateur en chef palestinien. Pour Abed Rabbo, proche conseiller du président Abbas, la rétrocession de 93% des territoires de la Cisjordanie n'est qu'un chiffre. Israël, selon lui, et il sait de quoi il parle, n'a pas l'intention de lâcher ni les colonies qui parsèment la Cisjordanie ni le Grand Jérusalem. De plus, ajoute-t-il, Israël veut garder sous son contrôle la vallée du Jourdain et les rivages de la mer Morte. “Olmert joue avec les chiffres pour tromper la communauté internationale et reporter sur le camp palestinien la responsabilité de l'échec du processus de paix, car, nous savons qu'à terme, Israël veut rester en possession de 30 à 40% des territoires de la Cisjordanie.” Les nouvelles propositions israéliennes rappellent le film de Camp David et Taba, deux sommets tenus en juillet 2000 et janvier 2001 avec les échecs que l'on sait et qu'israéliens et américains ont imputé à “l'intransigeance” des Palestiniens. Condoleezza Rice, doit se rendre dans la région le 28 août et à défaut de l'accord de paix global que le président américain avait envisagé à la conférence d'Annapolis en novembre 2007, la secrétaire d'?tat américaine s'efforcera d'obtenir des deux parties un document “a minima”, qui recense leurs maigres points d'entente. Ce texte pourrait être transmis au successeur d'Ehoud Olmert afin d'entretenir l'espoir d'une poursuite du laborieux processus d'Annapolis. Et continuer ainsi le feuilleton des promesses. C'est tout bénéfice pour les extrémistes Palestiniens. D. B.