Moment de vérité au siège de la Ligue arabe où était reçu le tout nouveau ministre palestinien des Affaires étrangères pour son premier déplacement à l'étranger. Mais le contenu des discussions de Mahmoud Zahar avec ses interlocuteurs arabes ne devrait pas surprendre. A un tel niveau, il est bien difficile de parler de surprise. Il était donc certain et c'est ce qui a été fait que la Ligue allait demander au nouveau gouvernement palestinien formé par le mouvement Hamas vainqueur des élections palestiniennes du 25 janvier dernier, d'assurer la continuité au niveau des institutions palestiniennes. Plus précisément, d'adopter l'initiative arabe de paix impliquant la reconnaissance d'Israël. Réponse du ministre : « Je vais transmettre ce message à mon gouvernement pour examiner la question. » L'initiative arabe de paix, adoptée lors du sommet de Beyrouth en 2002, prévoit la normalisation des relations des pays arabes avec Israël, en échange d'un retrait israélien total des territoires arabes occupés en 1967 et l'établissement d'un Etat palestinien. Un plan auquel a souscrit l'Autorité palestinienne puisqu'il constitue une version du fameux plan « les territoires en échange de la paix » qui a d'ailleurs servi de base aux première négociations et plus tard aux accords palestino-israéliens, avant que Tel Aviv ne se rétracte, dès 1995. C'est d'ailleurs l'obligation qui lui est faite par le président de l'Autorité palestinienne qui avait mis en avant la continuité dans les affaires et le respect des engagements internationaux des Palestiniens, bien qu'il n'y ait plus rien à respecter puisqu'Israël a tout détruit. Ce qui explique certainement la réserve sinon la franche opposition du chef du bureau politique du Hamas. Khaled Mechaâl a en effet affirmé le même jour depuis Téhéran que son mouvement ne reconnaîtrait pas Israël, en dépit des pressions internationales. M. Zahar devait s'entretenir aussi avec des responsables égyptiens, mais sa visite officielle en Egypte a été reportée, a annoncé son homologue égyptien Ahmed Aboul Gheït, en justifiant ce report par « un manque de temps » et « des engagements pris par les responsables égyptiens ». Le ministre palestinien a minimisé l'importance de ce report. M. Zahar a par ailleurs appelé les Arabes à remplir leurs promesses d'aide financière aux Palestiniens, lors d'une réunion à huis clos avec les délégués arabes. « Nous ne cherchons pas uniquement la poursuite de cette aide (arabe), nous voulons l'augmenter car l'occupation (Israël, ndlr) nous interdit l'accès à 60 millions de dollars par mois », a-t-il dit. Il s'agit de taxes douanières prélevées par Israël pour le compte de l'Autorité palestinienne, dont le versement a été gelé à la suite des élections législatives de janvier remportées par le Hamas. « Nos frères arabes ont l'intention de nous aider, mais nous devons assurer un mécanisme de transparence » pour cette aide, a-t-il ajouté, en référence à la corruption au sein de l'Autorité palestinienne. Lors du sommet de Khartoum, fin mars, les dirigeants arabes ont promis d'aider l'Autorité palestinienne. Il doit se rendre ensuite en Jordanie, à Bahreïn, au Koweït et en Malaisie. L'Autorité palestinienne se trouve au bord de la banqueroute depuis que l'Union européenne et les Etats-Unis ont décidé de suspendre leur aides directes au gouvernement. Ils exigent de lui qu'il reconnaisse Israël et qu'il mette un terme à la violence. Par ailleurs, le Conseil de sécurité tiendra aujourd'hui une session publique consacrée au Proche-Orient. Mais l'ambassadeur américain à l'ONU, John Bolton, a d'ores et déjà estimé que cette réunion ne sera pas « productive », ce qui veut dire que l'on s'achemine vers un nouveau blocage américain. Le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas avait demandé vendredi à l'instance onusienne d'agir contre le refus américain d'adopter un texte demandant à Israël de s'abstenir de l'« usage excessif de la force » à l'encontre des Palestiniens. « Nous appelons le Conseil de sécurité à prendre ses responsabilités afin de mettre un terme aux pratiques israéliennes des bombardements, d'assassinats, et d'encerclements », a-t-il déclaré. Les Etats-Unis, rappelle-t-on, ont bloqué jeudi au Conseil de sécurité l'adoption d'un texte demandant à Israël de s'abstenir de l'« usage excessif de la force » à l'encontre des Palestiniens. Washington a estimé que ce texte, examiné pendant trois jours par les quinze membres du Conseil de sécurité, critiquait « de façon disproportionnée et injuste » Israël. L'observateur permanent de la Palestine à l'ONU, Ryad Mansour, avait annoncé lundi avoir appelé le Conseil de sécurité à agir pour faire cesser ce qu'il considère comme « la dernière agression israélienne » contre les Palestiniens, notamment dans la bande de Ghaza. Il faisait référence au bombardement depuis une semaine du nord de la bande de Ghaza par l'armée israélienne, en riposte à des tirs de roquettes artisanales sur son territoire par des groupes palestiniens. Ces raids aériens ont causé la mort de 16 personnes, des membres de groupes armés mais aussi deux enfants de 7 et 8 ans, depuis vendredi dernier. Le projet de texte aurait invité Israël à s'abstenir de « l'usage excessif de la force » et demandé à l'Autorité palestinienne de prendre « une position publique et claire contre la violence ». « J'ai entendu dire qu'il y avait une objection américaine (à la tenue d'une session publique sur le Moyen-Orient) et nous avons contacté certains membres permanents du Conseil de sécurité pour les inviter à appuyer le projet arabe », a indiqué M. Abbas. Selon M. Mansour, 14 membres du Conseil de sécurité étaient prêts à discuter de ce texte « mais malheureusement un membre a fait bouclier en protégeant l'agression israélienne contre les Palestiniens de Ghaza et d'autres territoires occupés ». Et hier, l'armée israélienne annonçait avoir tiré 400 obus d'artillerie depuis vendredi vers le nord de la bande de Ghaza. Mais ce sont quelque 2000 obus qui se sont abattus ces dernières semaines. Ce qui éloigne de la paix et de la Feuille de route, ce fameux plan que son auteur, le Quartette refuse d'appliquer.