Par douze voix contre sept et quatre abstentions, le cabinet Sharon a donné son accord pour la mise en œuvre du plan de paix du quartette. Reste à savoir maintenant si les Palestiniens céderont sur la question du retour des réfugiés. En dépit d'une forte hostilité, au sein même de son parti, le Likoud, Ariel Sharon a fait approuver, hier, par son gouvernement, la “feuille de route” du quartette. Les sept voix contre et les quatre abstentions sur les vingt-trois ministres que compte le cabinet israélien montre la grande opposition qu'a rencontrée le plan de paix. Cette adoption risque d'être rejetée par les Palestiniens, car une motion rejetant à l'avance le droit au retour des quelque 3,7 millions de réfugiés palestiniens a été également votée à une majorité écrasante. Israël réclame un engagement palestinien dès maintenant à renoncer à ce droit, alors que cette question devait être discutée lors de la troisième et ultime étape du plan de paix du quartette. Sharon a qualifié la “feuille de route” de moindre mal, hier, devant ses ministres, en disant : “Moi aussi je n'apprécie pas la feuille de route, mais elle est un moindre mal”, en réponse aux critiques des radicaux de son gouvernement. Le chef du Likoud a rassuré les membres de son cabinet en affirmant que les quatorze réserves émises par Israël constituent une “ligne infranchissable” et que “rien de rien ne sera décidé sans l'aval d'Israël”. Il a également tenu, avant le déroulement du vote, à mettre en garde contre les graves conséquences qu'aurait sur le plan économique un refus israélien d'approuver la feuille de route, en raison du risque de voir le conflit israélo-palestinien s'enliser et, surtout, de se brouiller avec l'allié américain. La réaction palestinienne ne s'est pas faite attendre hier. Le conseiller du président de l'Autorité palestinienne, Nabil Abou Roudeïna, a affirmé que l'approbation conditionnelle par le gouvernement israélien de la feuille de route “n'est pas suffisante”. “L'approbation israélienne accompagnée de réserves n'est pas suffisante”, a-t-il déclaré avant d'ajouter : “Nous voulons qu'ils approuvent la feuille de route à la lettre sans condition, comme l'ont fait les Palestiniens”. Ce rejet était attendu car même le premier ministre palestinien, Mahmoud Abbas, avait prévenu qu'il était hors de question que les Pales-tiniens renoncent un jour au droit du retour des réfugiés, considéré comme non négociable. Ainsi, la motion votée à ce sujet par le gouvernement israélien pourrait conduire à un blocage total du processus de paix, car il s'agit là d'une première entorse au contenu de la “feuille de route”. Il y a lieu de signaler que les Américains, en donnant des assurances à Ariel Sharon, n'ont pas évoqué le point du droit au retour des réfugiés palestiniens. Par ailleurs, le chef de la diplomatie française Dominique de Villepin a entamé, hier, une visite dans la région pour y rencontrer le leader palestinien Yasser Arafat. Il ne sera pas, par contre, reçu par Ariel Sharon, qui avait annoncé qu'il boycotterait toutes les personnalités, qui rendraient visite à Arafat. K. A.