Le “oui, mais” du gouvernement israélien à la “feuille de route” du quartette oblige l'Administration Bush à s'investir davantage dans l'opération pour tenter de rapprocher les positions diamétralement opposées des deux parties, notamment sur la question du droit au retour des réfugiés palestiniens. Les Etats-Unis ne voient, pour l'heure, que du positif dans l'acceptation conditionnée du plan de paix du quartette par Israël. Certes, c'est la première fois que l'Etat hébreu s'engage officiellement dans la création d'un Etat palestinien. C'est un fait historique ! Néanmoins, la concrétisation de cet objectif relève toujours du miracle, tant les positions des Israéliens et des Palestiniens paraissent difficiles à rapprocher. En effet, la question du droit au retour des réfugiés, sur laquelle l'ensemble des personnalités palestiniennes s'accorde à dire qu'elle n'est pas négociable et rejetée par le gouvernement israélien, est en fait la principale condition de son acceptation de la feuille de route. Il ne sera guère facile aux Américains de convaincre l'une ou l'autre partie de faire des concessions sur ce point-là. Washington, qui a annoncé comprendre le point de vue israélien et les réserves concernant le plan de paix, doit faire preuve de grande capacité de persuasion pour espérer aboutir à un accord définitif. Le sentiment d'optimisme, quant à la possibilité de faire sortir le processus de paix du tunnel, né des positions et des dernières déclarations des officiels américains, doit être entretenu et renforcé, estiment les observateurs du conflit. Dans cette optique, le président George W. Bush songe, selon de hauts responsables du département d'Etat, cités par le New York Times, à tenir à Sharm Echeikh en Egypte du 1er au 3 juin, un sommet avec Sharon et Abou Mazen, qui sera élargi aux dirigeants égyptiens, saoudiens et jordaniens. Si les responsables arabes n'ont pas hésité à apporter leur soutien à ce projet, Israël écarte cette possibilité. La radio publique israélienne annonce, quant à elle, que le sommet se limitera aux Etats-Unis, à Israël et à la Palestine, et se déroulera dans trois semaines à Aqaba en Jordanie. L'information n'a pas été confirmée par le porte-parole d'Ariel Sharon, Raanan Gissin, qui a déclaré : “Je ne sais pas où, ni quand, ce sommet se tiendra. Aucune décision n'a encore été prise et il revient aux Etats-Unis d'en décider.” En attendant, la rencontre qui devait avoir lieu, hier, entre Mahmoud Abbas et Ariel Sharon pour discuter de la mise en œuvre de la feuille de route, n'a pas eu lieu. Selon un haut responsable israélien, “la rencontre se déroulera avant la fin de la semaine, d'ici jeudi”. Ce rendez-vous a été convenu par les deux chefs de gouvernement à l'issue de leur première rencontre officielle le 17 mai dernier à Jérusalem. Londres a, pour sa part, salué l'approbation par Israël de “la feuille de route”, qui “offre le meilleur fondement pour des progrès vers la paix au proche-Orient. L'annonce d'aujourd'hui (dimanche) est un pas important vers cet objectif”, a affirmé Jack Straw, le ministre britannique des affaires étrangères. Il a également ajouté : “Nous nous tournons maintenant vers toutes les parties pour leur demander d'avancer et de mettre en œuvre la feuille de route et restons prêts à offrir toute l'assistance que nous pourrons.” K. A. Une majorité d'Israéliens favorable à la “feuille de route” Cinquante-six pour cent des Israéliens sont favorables à la "feuille de route", le plan de paix international approuvé dimanche avec réserves par leur gouvernement, contre 34% d'opposants et 10% sans opinion, selon un sondage publié lundi par le quotidien à grand tirage Yediot Aharonot. Selon ce sondage, 51% des personnes interrogées estiment que ce plan mènera à un "accord définitif avec les Palestiniens" contre 43% qui sont de l'avis contraire et le reste sans opinion. 62% des Israéliens estiment en outre qu'en donnant son approbation, le Premier ministre Ariel Sharon "a cédé à la pression des Etats-Unis", alors que 23% se sont déclarés d'un avis contraire.