Les automobilistes qui se trouvaient mercredi soir à quelques encablures de la ville de Khemis-Miliana ont eu des sueurs froides en échappant miraculeusement à une catastrophe provoquée par un semi-remorque transportant des canalisations en fonte. Il est vingt-deux heures trente quand le chauffeur du mastodonte, lancé à grande vitesse, s'aperçoit, en entamant la descente de la fameuse côte connue de tous pour le danger qu'elle représente, que le système de freinage ne répond plus. L'instinct de conservation lui dicte de sauter non sans avoir dirigé l'engin fou dans le décor rocheux. Un choc violent dont le bruit ameute les habitants qui ne peuvent que constater l'amas de ferraille. Entre temps, la marchandise, estimée à plusieurs tonnes de métal, va finir sa course à une centaine de mètres bloquée par le parapet. Les automobilistes qui entamaient la pente ont dû faire preuve de dextérité pour éviter un drame certain. Et si l'accident n'a duré qu'un laps de temps les efforts pour rétablir la circulation s'est étalé, faute de moyens, sur trois heures durant lesquelles s'est formée une file anarchique de véhicules longue d'une dizaine de kilomètres. Les éléments de la brigade de gendarmerie, paraissant complètement dépassés, essayent tant bien que mal de créer un couloir d'urgence, pas du tout évident compte tenu de certains automobilistes récalcitrants tout en gardant un œil sur la sécurité des familles bloquées et même sur leur leur propre sécurité. Il faut dire que l'endroit est hostile et plongé dans une obscurité totale. Du coup, nous nous sommes mis mes compagnons et moi à penser à un scénario catastrophique : Et si un cas urgent ou même plus venait à se présenter de quelle manière agirait-on ? Déjà, pour dépêcher une dépanneuse, il aura fallu plus d'une heure et demie. Cette dernière s'avérera d'ailleurs impuissante pour dégager l'imposant tas de ferrailles. Quant à la longue file de véhicules, il est désolant de remarquer le nombre important de semi-remorques. D'où la question à quoi sert le rail, et pourquoi ne pas établir des facilités et des avantages, ainsi que des gares intermédiaires afin d'attirer les clients pour ce genre de transport visant à diminuer le transport routier avec tous ses risques. Ce qui s'est produit à Khemis Miliana est un cas parmi tant d'autres mais qui doit inciter à réfléchir sur le sujet. ALI FAR?S