L'ex-DTN de la Fédération algérienne de boxe, Karim Aïouaz, répond dans cet entretien au président de la FAB, Mokhtar Mechta, qui a annoncé, depuis Pékin, son limogeage à la tête de la Direction technique nationale. Liberté : Le président de la FAB a annoncé votre limogeage depuis Pékin où il était présent avec la délégation ayant pris part aux Jeux olympiques. Quelle est votre réaction ? Karim Aïouaz : Je voudrais tout d'abord rappeler à M. le président de la Fédération algérienne de boxe, au cas où il l'aurait oublié, que toute décision administrative obéit à des règles. De ce fait, le limogeage d'un cadre du sport, désigné par sa tutelle et officialisé dans son poste par une décision ministérielle, sur proposition du bureau fédéral, ne peut pas se faire de l'étranger, d'une manière aussi intempestive. L'arbitraire n'a plus cours dans notre pays. Il existe des règles et des procédures à suivre lorsqu'on veut se passer des services d'un fonctionnaire. C'est-à-dire ? Il est nécessaire de consulter le bureau fédéral lors d'une réunion ordinaire ou extraordinaire et soumettre à son approbation la proposition de limogeage. En cas d'égalité des voix, celle du président est prépondérante. En cas d'unanimité ou de majorité en faveur du limogeage, le président de la fédération demande au ministère de la Jeunesse et des Sports de mettre fin aux fonctions du DTN. Sur la base des arguments avancés par le président de la FAB et de son bureau, le MJS accepte ou refuse cette proposition. Comment jugez-vous cette décision du président de la FAB ? Un limogeage annoncé à partir de Pékin est une preuve de méconnaissance et de mépris des lois en vigueur. C'est également un manque de respect flagrant envers les membres du bureau fédéral, qui auraient dû être officiellement consultés. Le président de la FAB aurait dû également savoir qu'on ne peut pas limoger un DTN démissionnaire. J'ai, en effet, déposé ma lettre de démission au ministère de la Jeunesse et des Sports. Et ma décision a été annoncée le 19 août 2008. Peut-on connaître les raison ? C'est parce qu'il m'était impossible de continuer à travailler dans un environnement peu propice à la sérénité, au travail et à la rigueur. Dès ma prise de fonction en novembre 2006, j'ai très vite compris que j'allais être confronté à un environnement défavorable. Il était évident que nous n'avions pas les mêmes valeurs et que j'allais être quelqu'un de gênant dans cette anarchie ambiante. J'ai très vite compris, mais je ne voulais pas baisser les bras, je ne voulais pas abdiquer, je ne voulais pas me rendre à l'évidence que je me battais contre des moulins à vent. Quoi qu'il en soit, cette expérience au sein de la FAB, m'aura permis de constater le dysfonctionnement de cette fédération qui nécessiterait un audit et une gestion plus professionnelle et plus rationnelle des ressources humaines et financières On vous reproche d'avoir porté des critiques sur l'équipe nationale de boxe, alors qu'elle était en pleine compétition ; ne pensez-vous que ce n'était pas le moment de le faire ? Je suis surpris et déçu de constater que l'entraîneur national et le président de la FAB ne font pas la différence ou ne veulent pas faire la différence entre une critique mal intentionnée et une critique constructive ; une critique qui permet de comprendre “le pourquoi du comment” d'une victoire ou d'une défaite, une critique qui permet de juger, d'analyser et d'apprécier la prestation des boxeurs lors de leurs différentes apparitions sur le ring. Je ne pense pas qu'une autosatisfaction, stérile où seuls l'arbitrage et le jugement sont remis en cause, puisse nous permettre de progresser. Je suis convaincu que cette agitation à partir de Pékin n'est autre qu'un moyen de noyer le poisson dans l'eau. En tant qu'ancien DTN de la FAB, quel bilan faites-vous de la participation des boxeurs algériens aux JO de Pékin ? En toute objectivité, je considère la participation de l'équipe olympique de boxe à ces jeux de Pékin comme honorable et encourageante pour l'avenir dans la mesure où la moyenne d'âge de l'équipe est de 23,65 ans et que cette dernière a réalisé un meilleur parcours que l'équipe olympique de 2004 à Athènes où aucun des 7 boxeurs n'avait atteint les finales. Je suis persuadé que Abdelhafid Benchabla aurait dû en toute logique revenir avec une médaille olympique si ce n'était la partialité des juges. Entretien réalisé par N. A.