Les contrats des enseignants vacataires renouvelés après une quarantaine de jours de grève de la faim, une loi de finances 2009 dépourvue de nouvelles taxes, des mesures pour réguler le marché du ciment, soumis depuis quelques mois au diktat des spéculateurs et, enfin, des rumeurs fort persistantes sur un imminent retrait de la taxe sur l'acquisition de véhicules neufs qui a fait désordre au sein de la population : incontestablement, le gouvernement Ouyahia qui hérite d'une situation pour le moins critique sur le front social tente d'anticiper sur la rentrée sociale que d'aucuns prévoient explosive. Appréhendée à juste titre, d'ailleurs, au regard des multiples zones de tension, la rentrée sociale, comme celles qui l'ont précédée du reste, ne s'annonce guère sous de bons auspices. Outre la flambée des prix qui s'est subitement emparée des marchés, à l'approche du mois de Ramadhan où la consommation est décuplée, la dégradation de la situation sécuritaire avec le bilan des victimes que l'on sait, les ménages algériens dont la bourse est déjà en berne doivent faire face à une rentrée scolaire qui ne manquera pas de charrier son lot de dépenses. En attendant celles de l'Aïd. Des ingrédients qui, il faut bien en convenir, ne sont pas de nature à rassurer un exécutif qui a du mal à se défaire de cette fâcheuse image d'immobilisme qui le caractérise. Et rien de plus emblématique de cette situation de tension latente que ces émeutes, étouffées, enregistrées dans plusieurs endroits du pays, et cette violence quand bien même non structurée qui se manifeste diversement un peu partout. Le pays déprime et nombreux en conviennent. Dès lors, sans doute contraint, mais aussi par calcul, le gouvernement se devait de prendre des mesures qui pourraient apporter quelque sérénité au moral national. Mais est-ce suffisant ? S'il faut se garder de tirer des conclusions hâtives, il reste que beaucoup de choses restent à faire. À commencer d'abord par revaloriser le pouvoir d'achat des Algériens, soumis à rude épreuve. Selon le ministre de la Communication qui a animé un point de presse à l'issue du Conseil de gouvernement, lundi, des enveloppes conséquentes sont dégagées dans la nouvelle loi de finances pour soutenir les produits de large consommation comme le lait, la farine et la semoule. Sur un autre plan, le gouvernement se doit de mener à bon port bien des chantiers comme celui du million de logements. Il doit également rassurer sur le plan sécuritaire. Ouyahia réussira-t-il son pari ? En tout cas, si l'on considère que son retour aux affaires est lié aux enjeux de l'élection présidentielle de 2009, nul doute qu'il est appelé à accomplir “les travaux d'Hercule”. Un défi qui reste loin d'être une simple sinécure, quand bien même le pays affiche une santé financière impressionnante. Car tous les secteurs sont au rouge. Et ce n'est certainement pas le monde du football, un défouloir pour les laissés-pour-compte, qui, lui-même gagné par la fronde, dira le contraire. Karim Kebir