Nouveau coup dur pour les harragas : le Conseil des ministres réuni dimanche, au siège de la présidence de la République, a examiné et approuvé un projet de loi portant amendement du code pénal et dans lequel le trafic illicite des migrants et la sortie illégale du territoire national seront sanctionnés. Le nouveau projet de loi prévoit, en effet, des peines d'emprisonnement pouvant aller jusqu'à dix années contre ceux communément désignés sous le vocable de passeurs, autrement dit les responsables des circuits et des réseaux de migrations illégales. Cette peine est aggravée lorsque le circuit est le fait d'une bande organisée ou encore ayant des liens avec un responsable bien placé. Quant à la sortie illégale du territoire national, elle est passible, pour les mis en cause, d'une peine de 6 mois d'emprisonnement. En plus des caprices de la météo, les harragas devront donc désormais affronter la rigueur de la loi. Si, bien entendu, le cadre législatif, comme recommandé du reste par de nombreux spécialistes, s'avère nécessaire, force est d'admettre qu'il est loin de juguler un phénomène qui prend de plus en plus d'ampleur. Rien que pour les derniers mois, près de 200 candidats à l'émigration clandestine ont été interceptés par les gardes-côtes à travers le littoral algérien, et remis à la justice. ` Depuis le début de l'année, ce sont quelque 400 candidats à l'émigration clandestine par voie maritime qui ont été interceptés, selon un récent décompte. Entre 2005 et 2007, un total de 2 340 candidats à l'émigration clandestine a été intercepté en mer, dont 1 301 ont été secourus, selon des statistiques officielles. Et rien, au train où vont les choses, ne semble dissuader ces émigrants en quête de rivages plus cléments. À bien des égards, le cadre juridique apparaît comme un cautère sur une jambe de bois. L'Exécutif tente pour ainsi dire de traiter un phénomène social par des réponses juridiques. Aura-t-il raison de la témérité des harragas dont certains se recrutent parmi de jeunes diplômés ? Phénomène social par excellence, l'émigration clandestine pose d'abord la problématique économique dans sa globalité. Et la réponse doit être donc globale. Car quoi que l'on dise, ce phénomène incarne autant l'échec de la politique de l'emploi que l'absence d'un environnement favorable à l'épanouissement et à la réussite sociale. C'est, d'une certaine manière, l'échec de tout le projet national. Mais qu'a fait le gouvernement jusque-là pour atténuer cette hémorragie de la jeunesse ? Ce n'est certainement pas avec les promesses d'un Djamel Ould-Abbès, devenu “le père Noël” national, ni avec l'émission de HHC, qui a tenté maladroitement de jouer sur la fibre patriotique, qu'on viendra à bout d'un phénomène qui est loin de s'estomper. Il y a quelques années, l'Algérie s'était opposée aux centres de transit proposés par les Occidentaux. Elle avait préconisé à l'UE, notamment un traitement du phénomène en amont, à savoir débloquer des fonds pour aider les pays pourvoyeur de l'immigration clandestine. Mais avec ce nouveau projet de loi, l'Algérie semble avoir mis la charrue avant les bœufs. Karim Kebir