“Merci”, c'est le mot d'adieu de François Hollande aux militants du parti socialiste à son université d'été. Son départ a été chaudement applaudi par le maire de Paris, Bertrand Delanoë, Martine Aubry, maire de Lille, et Pierre Moscovici, un autre cacique du PS, prétendant à sa succession. François Hollande devra passer le témoin dans dix semaines au Congrès de Reims. Il laisse un parti dans la tourmente, mais lorgne lui aussi sur les présidentielles de 2012. Le PS, qui a perdu son âme, selon ses propres militants de base, traverse, en effet, une crise aiguë du leadership. Hollande a beau seriné que ce qui manque aux socialistes français, c'est “la cohésion et la cohérence”, deux conditions indispensables pour “sa crédibilité”, éléphants et jeunes loups du premier parti de l'opposition française se crépissent le chignon sans retenue, refusant toute combinaison devant sortir leur parti de la sinistrose. Le PS ne s'est pas remis de l'échec de sa candidate aux présidentielles de 2007. Ségolène Royale, ex-compagne d'Hollande, a, par ailleurs, fait porter le chapeau de sa déconvenue à ses propres pairs qui l'avaient lynchée et le mot n'est pas fort. Nicolas Sarkozy devait pour sa part donner le coup de grâce au PS en ouvrant son pouvoir à plusieurs personnalités socialistes et apparentés, lesquels, par ailleurs, se sont bousculés au portillon de l'Elysée et, parmi les recalés nombreux sont qui n'arrêtent pas de lui faire des offres de services comme Jacques Land. “Le PS, c'est jamais un fleuve tranquille surtout qu'il a plusieurs rivières et même quelques torrents”, la plaisanterie de Hollande résume parfaitement la situation du parti. La guerre de sa succession est ouverte, tous les prétendants sont sur le starting-block et à qui entartera l'autre. Ségolène Royal n'a pas dit son dernier mot mais son étoile s'est ternie et elle sait qu'elle n'a rien à attendre de ses pairs, sauf des peaux de bananes. Le sage chef de file des députés socialistes, Jean-Marc Ayrault, a crié “casse-cou” à l'université d'été du PS, s'alarmant de “la guerre des ego” au sein de son parti. Si les divisions continuent, le PS risque de rentrer dans la confusion politique, à la satisfaction de Nicolas Sarkozy, qui n'arrête pas d'encourager le trotskiste Besancenot dans sa montée dans les sondages ! La stratégie élyséenne, entretenir la division dans le PS, semble avoir réussi. Alors, y aura-t-il un sursaut pour dépasser ces ego personnels afin que le prochain congrès du PS de La Rochelle soit un moment de clarification et de renaissance des socialistes ? Pas sûr, dès lors que Delanoë, Aubry, Moscovici et Royal rêvent de supplanter Hollande. Et la liste est plus longue avec les jeunes loups qui piaffent d'impatience pour bouter les éléphants. Le PS est loin de la sérénité indispensable à la remontée de son estime au sein des socialistes français. D. B.