Le Parti socialiste a subi le contrecoup de la politique d'ouverture menée par le président Nicolas Sarkozy. Ce dernier, en nommant comme ministres plusieurs personnalités de gauche, comme Bernard Kouchner, Fadela Amara ou Eric Besson, a fini par porter le coup de grâce à un parti censé représenter l'alternative politique en France. Mais les querelles politiques entre les « éléphants » (dignitaires du parti) et la difficulté de voir émerger une nouvelle génération de leaders de gauche, font que le parti, fondé en 1905, se retrouve encore à jouer les seconds rôles. Absent des grands débats sociétaux et politiques, le PS, comme le reconnaissent ses principaux mentors, traverse une des plus dangereuses phases de son histoire politique. L'une des images de cette déroute vient de son université d'été tenue la semaine dernière à La Rochelle (sud-ouest de la France), où les socialistes n'ont pas réussi à afficher un visage unitaire, malgré les appels répétés de François Hollande qui a mis en garde le parti contre les querelles d'ego qui le menacent. Dans son discours de clôture, il a plaidé pour la constitution d'un pôle central au sein de sa formation politique. « La fragmentation, l'émiettement et la dispersion sont des garanties de déclassement du PS. C'est cette ingouvernabilité qui est peut-être la menace principale », a-t-il lancé aux adhérents, avant d'ajouter que « lorsqu'on prétend diriger le pays, on doit se diriger soi-même ». Mais l'appel du premier socialiste de France n' a, semble-t-il, pas eu beaucoup d'écho auprès des ténors du PS, engagés dans une guerre de succession avant l'heure. Plusieurs personnalités ont déjà exprimé leur volonté de briguer le poste de premier secrétaire. Il y a, entre autres, le maire de Paris, Bertrand Delanoë, celle de Lille, Martine Aubry, l'ancienne candidate à l'élection présidentielle de 2007, Ségolène Royal, et le député de la région du Doubs, Pierre Moscovici. Avec plusieurs commandants à son bord, le bateau PS tangue plus que jamais. Il risque de chavirer à trois mois seulement de son congrès qui devrait désigner un nouveau chef. Au regard de l'animosité régnant entre les futurs « repreneurs du PS », François Hollande s'inquiète de la tournure que peuvent prendre les événements. « C'est la vie même du parti qui est menacée », a-t-il répété aux militants, tout en les invitant à accorder à son futur remplaçant « l'autorité indispensable » pour lui permettre de sortir le parti de la boue dans laquelle il patauge. A son futur successeur, il assène : « Il ne faut pas seulement être le premier, il faut être le meilleur des socialistes. A ceux qui peuvent prétendre à cette responsabilité, je demande d'être les meilleurs militants. »