Joe Biden contre Sarah Palin, c'est le nouveau feuilleton de la campagne électorale des présidentielles aux Etats-Unis. Obama et McCain s'affrontent désormais via leurs “Veeps” (vice-président). C'est Biden l'expérience, contre Sarah le changement. À ce niveau, le changement est venu de celui dont on n'attendait le moins. Un coup du vieux républicain, McCain, vétéran de la guerre du Vietnam et vieux pilier du Sénat qui s'est choisi une femme, Sarah Palin, comme coéquipière dans la course à la présidence. Gouverneur de l'Alaska, la jeune femme de 44 ans, mère de cinq enfants, est totalement dépourvue d'expérience en politique nationale et encore moins en internationale. Pour toute expérience, elle gère son Etat depuis deux ans, mais elle incarne le dynamisme d'une Amérique profonde et profondément conservatrice dont l'hostilité au gouvernement fédéral de Washington est son credo. Peu d'Etat, pas d'impôts et des armes à feu ! Par contraste, Obama le démocrate, chantre du changement qui promet de révolutionner la politique à Washington, a pris comme colistier le sénateur, Joe Biden, vieux routier du Congrès qui a passé plus de trente ans dans les couloirs et les lobbies du Capitole. Il préside la commission des affaires étrangères du Congrès. À 65 ans, Joe doit apporter au candidat pluriethnique un supplément d'expérience. Les cheveux blancs compensaient la jeunesse du candidat, âgé de 47 ans, qui ne siège que depuis quatre ans au Sénat. Les deux vice-présidents donnent chacun une image différente de l'autre mais partagent ensemble le fait qu'ils viennent d'Etat, le Delaware pour Biden, l'Alaska pour Palin, qui ne pèsent pas lourd dans la bataille pour les grands électeurs qui éliront le président. Ils en ont 3 chacun, sur 538 ! Alors quelle mission pour ces colistiers ? Ils doivent attirer dans leur camp respectif ce qui sera le bloc décisif pour le scrutin du 4 novembre : l'électorat populaire blanc, et en particulier les 18 millions d'électeurs et surtout d'électrices qui ont préféré Hillary Clinton à Obama lors des primaires démocrates. McCain n'a pas fait mystère qu'en choisissant une femme pour exercer la seconde plus haute fonction de l'Etat, une première dans l'histoire du parti républicain, il veut séduire les déçues d'Hillary, ces femmes persuadées que la défaite de la sénatrice de New York et le refus d'Obama d'en faire la candidate démocrate à la vice-présidence, ont été la manifestation du sexisme qui continue d'imprégner la vie politique et les médias américains. Sarah Palin s'est, d'ailleurs, immédiatement placée comme la continuatrice d'Hillary dans la lutte des femmes pour briser le dernier plafond de verre en devenant la première femme à entrer à la Maison-Blanche. C'est une battante, elle s'est acquis les surnoms de “Sarah Barracuda” par sa détermination à gagner, mais aussi celui de “Sainte Sarah” pour avoir osé se rebeller contre la machine républicaine corrompue et les grands intérêts pétroliers qui dominent son Etat. Joe Biden met en avant ses origines irlandaises et catholiques dans les quartiers ouvriers, espérant convaincre les petits Blancs des grands Etats industriels de l'Est et du Midwest où Obama continue d'être vu avec méfiance. D. B.