Le nouveau président américain hérite d'une situation économique extrêmement difficile où les Etats-Unis et le monde dans leur sillage, traversent la plus grave crise financière depuis celle de 1929. Le rêve devient réalité. Le sénateur Barack Obama, 47 ans, est devenu mardi le 44e président des Etats-Unis. Il est le premier Noir à occuper la Maison-Blanche. Désormais, la barrière raciale est tombée. Dorénavant, il y aura l'avant et l'après-4 novembre 2008. Une date historique et référentielle. Avec plus de 340 mandats des 538 grands électeurs, Barack Obama a nettement battu son adversaire républicain, le sénateur de l'Arizona, John McCain. Il a aussi remporté la majorité du vote populaire, pour la première fois pour un démocrate depuis Jimmy Carter en 1976 et avec le meilleur score depuis Lyndon Johnson en 1964. Près des deux tiers des électeurs inscrits ont participé au scrutin au niveau national, soit 64,1%. Ce résultat prouve que les craintes concernant un possible effet Bradley ne se sont pas concrétisées. 85% des démocrates blancs affirmaient vouloir voter Obama. 90% des républicains blancs annonçaient vouloir voter républicain. Ainsi au pays des miracles, tout est possible. «Si jamais quelqu'un doute encore que l'Amérique est un endroit où tout est possible, qui se demande si le rêve de nos pères fondateurs est toujours vivant, qui doute encore du pouvoir de notre démocratie, ce soir est la réponse», a lancé Barack Obama lors de son premier discours de président élu. «Le changement est arrivé en Amérique», a-t-il déclaré, en soulignant la portée du symbole et en appelant à l'unité de la nation américaine: «Les Américains ont envoyé un message au monde. Nous sommes tous ensemble les Etats-Unis d'Amérique.» Pour les analystes, cette victoire annonce un virage pour les Etats-Unis, en particulier, et pour le monde, en général, après 8 ans d'ère Bush, devenu le président américain le plus impopulaire. Au-delà de vouloir minimiser la victoire éclatante de Barack Obama, il y a lieu de signaler l'échec de John McCain. En effet, en voulant perpétuer la politique de George W.Bush, le sénateur de l'Arizona s'est attiré la foudre des électeurs. Si après les attentats du 11 septembre 2001, les Américains étaient majoritairement derrière le président Bush pour les interventions en Afghanistan et en Irak, le nombre de soldats morts au combat a choqué le pays. Aujourd'hui, Bush est impopulaire. En outre, et même si aux derniers jours de sa campagne électorale, le républicain McCain a voulu se démarquer de la politique prônée par Bush, il s'est desservi en prenant Sarah Palin dans son attelage, alors qu'il est lui-même pour l'avortement. McCain s'est renié. Une erreur stratégique. Barack Obama, pour sa part, a choisi l'expérience, avec Joe Biden. Choix gagnant. D'autant que toutes les attaques du ticket McCain-Palin essayant de dépeindre Obama comme différent de l'Américain moyen, comme un «autre» dangereux, un «socialiste» qui «pratique le copinage avec des terroristes», ont échoué. Tout comme a chuté sa vision économique à l'image de la Bourse américaine et, dans son sillage, le dollar par rapport à l'euro. McCain ne pige mot, apparemment, aux théories économiques, lui, qui est prêt à rester «100 ans en Irak». Or Obama a su parler au peuple. Certes, son programme économique n'est pas forcément mieux ficelé que celui de McCain, mais il demeure, selon la classe moyenne américaine, le plus approprié au contexte actuel: un rôle régulateur de l'Etat, une politique fiscale qui vise à combattre l'inégalité, des plans pour doter les Américains d'une couverture médicale. Il a promis de réduire les impôts. Un argument suffisant pour convaincre. Barack Obama doit sûrement s'arracher les cheveux pour trouver l'argent nécessaire au financement de son programme socio-économique... L'espoir est permis. Les défis également. Les Etats-Unis traversent leur plus grave crise financière depuis celle de 1929. La récession menace, le chômage atteint 6,1% de la population active et le déficit public est proche des 500 milliards de dollars. «A l'heure où nous célébrons la victoire ce soir, nous savons que les défis de demain sont les plus importants de notre existence - deux guerres, une planète en péril, la plus grave crise financière depuis un siècle», a-t-il souligné dans son discours. Obama n'est certes pas un sauveur. Il ne va pas changer le monde - d'ailleurs personne ne pourra jamais le faire. Mais il y aura certainement des déceptions... et des incompréhensions.