RESUME : Besma se sent observée et elle a beau regarder autour d'elle, personne ne la fixe. Le chauffeur doit klaxonner et lui crier pour qu'elle monte. Au bureau, l'ambiance lui permet de souffler et même d'oublier. Un imprévu empêche son fiancé de venir la chercher. La peur la gagne de nouveau. Elle appelle son père… 37iéme partie Il faut près d'une heure à Abdou pour venir à elle. C'est l'heure de pointe. De petits embouteillages l'ont aussi retardé. Besma a dû patienter longtemps. Un temps suffisamment long pour repenser à ce qu'il lui arrive. Elle en veut à son fiancé. Il aurait pu appeler plus tôt. Ainsi, elle aurait prévenu le chauffeur qu'elle aura besoin d'être raccompagnée. Elle lui en veut. Par sa faute, elle est là à attendre bêtement et elle est aussi morte de peur. Quelqu'un pourrait l'agresser et même la violer. Les automobilistes n'allaient pas s'arrêter pour la secourir. Elle soupire de soulagement en voyant son père arriver. Elle monte dans la voiture et l'embrasse avant qu'il ne redémarre. - Je n'ai pas pu faire plus vite, lui dit-il. Allah ghaleb. Une circulation monstre… - Je sais, murmure-t-elle entre les dents. - Ça va ? Personne ne t'a embêtée j'espère ? - Non. Elle s'enferme dans un silence qui inquiète son père. Il voit bien son regard triste et lointain. - Y a-t-il quelque chose que j'ignore ? lui demande-t-il. La jeune fille s'efforce à sourire, voulant le rassurer. - Non, tu sais que je suis fatiguée. - Oui. C'est normal. En plus du travail, il y a le mariage à venir, reconnaît-il. Du stress en plus ! - Je ne te le fais pas redire. Elle tourne la tête et regarde le paysage défiler de nouveau dans le silence. Abdou n'insiste pas pour discuter. Il voit bien qu'elle est à bout et il n'est pas surpris lorsqu'elle s'assoupit durant le reste du voyage. Mais c'est un geste de sa part qui le choque lorsqu'ils arrivent. Il lui touche le bras et là, son sursaut et son regard apeuré le bouleversent. Le temps d'un moment, elle ne respire pas. Le temps de réaliser qu'elle ne risque rien… - Je voulais juste te dire qu'on étaient arrivés ! - Oh oui… Elle prend lentement son sac et monte à la maison. Elle est dans un état second. Elle ne répond pas aux voisins, lui souhaitant le bonsoir. Djamila panique en la voyant ainsi. - Qu'est-ce qui t'arrive ? Que s'est-il passé aujourd'hui ? - Rien, répond-elle. Je vais dormir. Ne me dérangez pas. Hier soir, je n'ai pas fermé l'œil. Je voudrais récupérer un peu. - Bien. Je leur interdirai d'entrer dans ta chambre et même de faire du bruit. Besma la remercie en s'efforçant à sourire. Elle ferme la porte derrière elle et s'étend sur son lit, sans même s'être changée. Elle s'assoupit de nouveau. Mais là aussi, elle ne parvient pas à trouver le repos. La sensation d'être étranglée par Salim est si forte qu'elle tousse et, à bout de souffle, elle parvient à se redresser, la main sur la gorge. Djamila, qui l'a entendue tousser, entre dans la chambre. Sa pâleur frappante l'inquiète encore plus. Elle est désemparée. Elle ignore que faire. - J'ai fait un cauchemar, confie Besma, les yeux larmoyants. Je ne veux plus dormir. - Et si on allait voir un autre psy ? - Je crois que je finirais dans un asile de fous à cause de lui ! Je ne travaille plus là et pourtant, je me sens toujours aussi mal. Il y a de brefs moments de répit mais les cauchemars reviennent toujours. - Je vais t'apporter un verre d'eau, dit Djamila. Tu devrais aller te rafraîchir. Besma suit son conseil. Pendant ce temps, sa mère va parler avec Abdou. Elle ne peut plus supporter de voir sa fille aller mal. - Il faut faire quelque chose. Elle risque de devenir folle ou même de se suicider. Je ne veux pas qu'il lui arrive malheur ! Fais quelque chose. Abdou est tout aussi désemparé qu'elle… A. K. (À suivre)