À l'issue d'une nouvelle mission de médiation européenne, la Russie a annoncé son retrait total de Géorgie d'ici un mois, à l'exception des provinces sécessionnistes d'Ossétie du Sud et d'Abkhazie, dont elle a reconnu l'indépendance. Sarkozy n'a pu arracher plus malgré son coup de gueule à Moscou. Lors d'une conférence commune avec son homologue russe Dmitri Medvedev, Nicolas Sarkozy a lié la reprise des discussions euro-russes à un partenariat stratégique en octobre si l'accord conclu le 12 août était mis en œuvre en Géorgie. Medvedev a promis de rapatrier les forces russes d'abord sur les deux provinces sécessionnistes et plus tard hors de l'Ossétie et de l'Abkhazie. Or, la Russie qui a reconnu l'indépendance unilatérale de ces deux provinces géorgiennes aura toute la latitude d'évoquer les accords sécuritaires en vigueur avec ses deux voisins et source de l'éclatement de la crise géorgo-russe. Pour donner le change à l'Europe qui aura été plus prudente sur la question, Medvedev a promis à son homologue français de lever, dans une semaine maximum, les check points russes entre Poti et Sinaki à l'intérieur de la Géorgie. En outre, le Kremlin a confirmé la présence des observateurs internationaux mais dans leur mandat actuel. C'est-à-dire une mission de civils dans les zones tampons autour des deux provinces. Medvedev a même déclaré que la Russie était prête à retirer ses soldats de ces zones en déploiement d'une force internationale. Sur ce sujet et même s'il ne l'a pas précisé, le président russe réfutera des contingents de pays fortement hostiles à son pays et surtout pas d'Otan. Le Kremlin est d'autant plus disposé à ne pas heurter l'UE que la Russie a reçu la garantie de ses membres et de la France, qui la préside, que la Géorgie n'aura pas recours à la force. Sarkozy a précisé à son retour de Moscou qu'il avait remis à son homologue russe une lettre d'engagement en ce sens du président géorgien Mikhaïl Saakachvili. Par ailleurs, le président français qui était accompagné à Moscou par celui de la Commission européenne, José Manuel Barroso, devait également avouer que cet accord avec Medvedev représente le “maximum de ce qu'on pouvait faire”, reconnaissant qu'un désaccord essentiel subsistait avec la Russie sur le statut de l'Ossétie du Sud et l'Abkhazie. L'UE a condamné cette décision mais pour les Russes, c'est le seul moyen de sauvegarder l'existence des peuples abkhaze et d'Ossétie du Sud, lui a dit le président russe qui a accusé Tbilissi de tenter de reconstituer son potentiel militaire avec l'assistance des Etats-Unis. “Pour nous, la question est fermée et close. Du point de vue du droit international, deux nouveaux Etats ont émergé”, a-t-il réaffirmé à son hôte français, qui a jugé au nom de l'UE “inacceptable” la reconnaissance des deux provinces géorgiennes séparatistes par Moscou. Bruxelles qui tient à ne pas froisser son voisin russe, se donne encore le temps jusqu'au sommet UE-Russie, qui devrait se tenir théoriquement le 14 novembre à Nice (France). Quant aux Etats-Unis, Moscou vient de répondre à leur stratégie dans le Caucase par l'envoi de navires de l'armée russe, le croiseur Pierre le Grand et trois autres bateaux, au Venezuela, pour organiser avant la fin de l'année un exercice commun avec la flotte vénézuélienne. Des avions se rendront également sur place. Le président vénézuélien Hugo Chavez a confirmé la tenue de ces manœuvres, précisant que des navires russes étaient attendus dans des ports vénézuéliens fin novembre ou en décembre. Ce redéploiement, Moscou et Caracas ont beau assuré qu'il n'est dirigé contre aucun pays tiers et que la décision avait été prise avant la crise qui a éclaté le mois dernier entre la Russie et la Géorgie, se déroule aux portes de l'Amérique. Reste que son annonce est survenu une semaine après que le Premier ministre Vladimir Poutine a menacé de répondre à l'arrivée récente de navires américains en Géorgie. D. B.