Le secteur de la formation et de l'enseignement professionnels est appelé à faire sa mue et à s'adapter aux besoins du marché algérien de l'emploi. Longtemps considéré comme un réceptacle des exclus du système éducatif, un passe-temps pour les uns, un fournisseur de diplômes pour les autres, le secteur est appelé à jouer un rôle de premier ordre dans la formation d'une main- d'œuvre qualifiée qui réponde aux besoins actuels du marché algérien. Dans le cadre des auditions annuelles du président Bouteflika, le secteur de la formation et de l'enseignement professionnels a été passé au peigne fin. Le chef de l'Etat a saisi cette occasion pour instruire le gouvernement pour qu'il propose de nouvelles mesures incitatives à l'endroit des entreprises et nouveaux investisseurs pour les impliquer davantage dans la promotion de la formation professionnelle et dans l'emploi de ses diplômés. Pour rappel, des avantages fiscaux sont déjà proposés aux entreprises qui prennent en charge des jeunes dans la formule de pré-emploi. Le président Bouteflika veut aller plus loin en impliquant tous les acteurs dans l'effort de la refonte du système de formation professionnelle. Pour le chef de l'Etat, “la formation et l'enseignement professionnels doivent progresser davantage encore pour couvrir les besoins actuels et futurs du pays en main-d'œuvre bien qualifiée, car c'est là une condition incontournable pour la promotion de l'investissement dans tous les domaines, mais aussi pour la compétitivité de notre économie”. Les différents acteurs, dont le ministère du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale et le Commissariat chargé de la planification et de la prospective, sont interpellés par le président Bouteflika, afin qu'ils identifient, de manière continue, les besoins en main-d'œuvre qualifiée pour chacun des domaines d'activité, “de sorte que la formation et l'enseignement professionnels puissent y adapter ses offres de stages et ses programmes”. Le président Bouteflika a décidé que “le gouvernement doit dégager les ressources nécessaires pour accompagner le doublement des centres de formation et du nombre de stagiaires”. Il a invité le gouvernement à “veiller à ce que les diplômés de la formation et de l'enseignement professionnels soient également parmi les candidats prioritaires au bénéfice des encouragements publics à la création d'emplois, que ce soit par la voie du micro-crédit ou des aides apportées à l'agriculture et à l'artisanat”. Ces importantes décisions viennent s'ajouter aux sommes colossales dégagées par l'Etat au profit du secteur. Les crédits annuels d'équipement qui étaient de l'ordre de 4 milliards de DA en 1999 atteindront 23 milliards de DA en 2009. Cela a débouché sur une nette amélioration des moyens et des capacités du secteur. C'est ainsi que le nombre d'établissements de formation est passé de 492 en 1999 à 1 035 cette année, il sera bientôt encore renforcé par 116 autres établissements en cours de réalisation, le nombre d'enseignants est passé de 9 150 en 1999, à près de 13 400 cette année, soit une augmentation de plus de 46 %, le nombre de stagiaires annuellement accueillis a plus que doublé, passant de 270 000 en 1999 à plus de 650 000 pour la rentrée de cette année, le nombre annuel de diplômés a évolué de 86 400 en 1999, à 174 000 lors de l'année pédagogique 2007-2008, soit une augmentation de 88%. En outre, la mise en œuvre des conclusions de la commission nationale de la réforme du système d'enseignement dans son ensemble a donné lieu à la révision de la nomenclature des branches et spécialités de la formation professionnelle. Les métiers manuels ont, ainsi, été réhabilités et représentent désormais 80% des formations offertes par les centres. Dans un pays où l'on s'étonne de voir une main- d'œuvre étrangère investir des chantiers ouverts à travers le territoire national, notamment dans le secteur du bâtiment, force est de reconnaître que certains corps de métiers manuels (plâtriers, plombiers, électriciens... etc., ne courent pas les rues) et que l'ouverture du marché, notamment des services a induit des besoins en techniciens et autres cadres qualifiés qui n'existaient pas sur le marché local du travail. Azzeddine Bensouiah