Ce responsable syndical regrette que seulement seize entreprises sur 80 figurent sur la liste des sociétés bénéficiant du soutien de l'Etat. Seize sociétés relevant du secteur des textiles figurent dans la liste des 222 entreprises non privatisables. Les syndicalistes ont, certes, bien accueilli cette mesure, mais ils jugent le nombre d'entités inscrites sur cette liste minime. Le textile reste, selon eux, l'un des secteurs qui ont bénéficié le moins de l'aide de l'Etat. Les trois quarts des entreprises ne sont pas concernées par l'opération de sauvetage. Sur un ensemble de 80 filiales des groupes intégrés, textiles, habillement et cuirs, 55 ne feront pas partie du lot. Ainsi, pour le premier groupe cité (textile), sur une vingtaine d'entreprises, il n'a été sélectionnée que 8. Quatre autres sont touchées dans l'habillement et le même nombre parmi les filiales du groupe des cuirs. “Ce qui est regrettable, c'est que cette décision a été prise sur la base des indicateurs de gestion qui ne datent pas d'aujourd'hui mais depuis quelques années. Or, les entreprises non retenues sont actuellement en activité”, regrette M. Amar Takdjout, secrétaire général de la Fédération des textiles, affiliée à l'UGTA. Ces sociétés peuvent toujours, avoue-t-il, jouer un rôle. D'où l'intérêt de procéder, suggère le SG sur les ondes de la radio Chaîne III, à une révision de cette mesure pour choisir encore d'autres filiales. Pour lui, ces trois groupes étant intégrés, désarticuler ces sociétés de celles éligibles à l'assainissement peut défavoriser à moyen terme ces dernières. M. Takdjout indique qu'il n'y a pas de différence en matière de gestion ou de marché entre les entreprises triées et celles qui ne le sont pas. “Nous plaidons pour une autre étude afin de reprendre l'ensemble des filiales car ce sont des entreprises qui se complètent et qui activent dans un secteur intégré”, propose-t-il. Avec une telle opération, pas moins de 24 000 postes d'emploi seront sauvés. Encore faut-il, nuance Amar Takdjout, que la prise en charge de ces entreprises soit correcte. Car, explique le syndicaliste, il ne suffit pas de prendre la décision d'assainir une société, mais il faut aussi l'accompagner en termes de fonds de roulement, d'investissement et une meilleure régulation du marché. Ce dernier “est devenu une passoire et il est voué à une désorganisation totale”, argue-t-il. Par ailleurs, le SG de la fédération estime qu'il n'y a pas de prise en charge concrète sur le terrain. Il confirme toutefois, la décision du gel des découverts bancaires pour certaines entreprises. Les banques par la suite n'octroient pas, affirme-t-il, de lignes de crédits et n'accompagnent pas les projets d'investissements initiés. “La décision politique d'assainir est importante, mais les banquiers refusent de suivre les sociétés dans leurs différents projets”, déplore M. Takdjout. La relance de cette activité va donner lieu à l'émergence de tout un tissu de PME et encouragera le développement du secteur privé. À travers le soutien de l'Etat, le textile public peut relancer d'autres secteurs tels que l'artisanat et la PME qu'il approvisionne lui-même en matières premières… Il dispose d'un réseau de distribution des plus importants qui, souligne le SG, peut apporter un plus pour peu qu'il y ait une concertation entre les différents départements ministériels et une cohésion entre les opérateurs publics et privés. Certains groupes ont, précise-t-il, besoin de restructuration d'autres de réorganisation. Quant au patriotisme économique auquel opte l'Etat, il ne peut réussir, relève M. Takdjout, sans cette concertation entre ministères et ce dialogue entre opérateurs et partenaires sociaux. Badreddine KHRIS