Une journée d'étude sur le respect et la protection des droits de l'homme dans les territoires sahraouis sous occupation marocaine a été organisée, hier à Alger, au siège du CNASPS en présence d'experts et d'une délégation composée de 15 militants et militantes sahraouis des territoires occupés. Une journée d'étude sur le respect et la protection des droits de l'homme dans les territoires sahraouis sous occupation marocaine a été organisée, hier à Alger, au siège du CNASPS en présence d'experts et d'une délégation composée de 15 militants et militantes sahraouis des territoires occupés. Autant la justesse de la lutte du peuple du Sahara Occidental pour accéder à sa liberté et son indépendance gagne des soutiens dans le monde, autant le système colonial de Rabat excelle dans ses pratiques répressives contre les Sahraouis des territoires occupés. Disparitions, filatures de militants sahraouis, arrestations, procès irréguliers, pillage des ressources naturelles sont le lot quotidien des Sahraouis. Pour la militante sahraouie Habouba Khelifi, représentante de la commission de soutien aux mères sahraouies des détenus et des disparus, «le blocus médiatique imposé par Rabat sur les territoires sahraouis occupés vise à cacher les pratiques répressives exercées contre nous». Ce qui, note interlocuteur, constitue un procédé pour «accréditer les discours et l'image véhiculée par Rabat, plaçant le Maroc parmi les pays les plus respectueux des droits de l'homme». De son côté, M. Rezag Bara, membre fondateur du Comité national de soutien au peuple sahraoui (CNASPS) et ex-président de la Commission des droits de l'homme africaine, a indiqué que «l'intérêt de bon nombre de médias internationaux est conjoncturel». Pour notre interlocuteur, cela est «le reflet des manœuvres de certains cercles internationaux et de leur politique du deux poids deux mesures». Des organisations non gouvernementales ont eu à élaborer des rapports «accablants» sur les atteintes aux droits de l'homme dans les territoires sahraouis sous occupation marocaine. Ces rapports ont été souvent occultés du fait de pressions de cercles et d'acteurs influents sur la scène internationale ayant «des relations étroites et des intérêts majeurs» avec le Maroc dont en premier lieu la France. Le soutien de Paris, pour la militante Habouba, «conforte le Maroc dans sa politique coloniale au Sahara Occidental et fait perdurer les souffrances du peuple sahraoui par la non-application par l'ONU du droit à l'autodétermination». Par ailleurs, le Dr Ayachi Saïd, membre du CNASPS, a tenu à souligner qu'«il n'y a pas un petit ou un grand peuple, il y a un peuple sahraoui qui aspire à sa liberté et son indépendance», en indiquant «que la communauté internationale a la responsabilité de faire respecter les droits de l'homme dans les territoires occupées». De son côté, Mme Sahli Maya, experte en droits de l'homme auprès des Nations unies, et professeur à l'ENA-IDRI et à l'Institut de la magistrature, souligne que tout «scénario pour le règlement du conflit sahraoui ne peut se dégager sans l'implication des Sahraouis», stigmatisant, ainsi, les manœuvres marocaines, soutenues par l'allié français, voulant faire valoir le droit de la force sur la force du droit pour le règlement de la dernière question de décolonisation en Afrique inscrite à l'ONU. En effet, Paris compte peser de tout son poids pour faire valoir une solution inspirée de la realpolitik. Une approche promue par Rabat via sa proposition d'accorder «l'autonomie» dans le cadre des reformes politiques annoncées par le roi Mohammed VI. Ce qui a conduit le Maroc à accentuer le blocus médiatique contre les territoires sahraouis en soutien aux pratiques d'oppression et de répression de Sahraouis. Une situation à laquelle les intervenants ont interpellé l'ONU pour la mise en place d'un mécanisme onusien de surveillance des droits de l'homme au Sahara Occidental à la veille de la tenue, demain, de la réunion du Conseil de sécurité sur le conflit marocco-sahraoui. Karima Bennour