Avec une révision constitutionnelle avec 13 % de voix par rapport aux inscrits et selon les données officielles, lors des élections législatives du 17 mai 2007, les partis FLN, RND et MSP ne peuvent engager l'avenir de 36 millions d'Algériens Sollicitée à maintes reprises et à l'occasion d'échéances parfois cruciales et souvent instrumentalisées à l'instar des micro-partis créés artificiellement, elle manifestera souvent sa présence d'une manière formelle et ostentatoire, impuissante presque toujours à agir sur le cours des choses et à formuler clairement les préoccupations et les aspirations de la société réelle. Or, une restructuration efficace n'a de chance de réussir que si les associations ne sont pas au service d'ambitions personnelles parfois douteuses. 3) Face au syndrome hollandais, les Algériens inquiets pour leur avenir L'Algérie actuellement est en plein syndrome hollandais. Ce dernier est apparu en 1970 et fait référence aux difficultés rencontrées par l'économie hollandaise suite à l'exploitation, dans les années 1960, des réserves de gaz naturel du gisement de Slochteren. L'augmentation des exportations produit un excédent commercial et importer des biens et services devient alors plus avantageux que de les produire localement, ce qui peut produire une réduction de la production nationale et donc une plus forte dépendance aux importations, un accroissement du chômage et la généralisation de la corruption (gain facile). Cela peut concerner également d'autre ressources naturelles comme cela a été le cas de l'Espagne avec la découverte de l'or en Amérique latine qui, aussitôt épuisé, a conduit le pays à une récession de plus de deux siècles. Le budget de l'Etat est ainsi essentiellement alimenté par une fiscalité pétrolière comme l'économie algérienne. Cela explique que malgré le préprogramme 1999-2003 (7 milliards de dollars), le programme 2004-2009, dont le montant, selon la déclaration du chef du gouvernement algérien de l'époque, en date du 12 novembre 2007 est de 200 milliards de dollars et le nouveau programme 2010-2014 de 286 milliards de dollars dont 130 sont des restes à réaliser du programme 2004-2009, les résultats sont mitigés et, à ce jour, aucun bilan n'a été dressé par les pouvoirs publics se contentant à travers la télévision algérienne qui n'a aucun impact de relater les réalisations physiques à dominance d'infrastructures (70 % de ces dépenses) sans se préoccuper des coûts et des impacts réels. Devant le bilan mitigé des réformes établi d'ailleurs tant par les organismes officiels qu'internationaux, il s'avère qu'il y a urgence du redressement socio-économique de l'Algérie. En effet, face à une population de plus de 36 millions d'habitants à la fin de 2010 (allant vers 50 millions dans quelques années) et une population active dépassant les 10 millions avec une demande additionnelle d'emplois annuelle de 500.000, malgré des réserves de changes qui dépassent en avril 2011 les 157 milliards de dollars, un stock de la dette extérieure inférieur à 4 milliards de dollars et un stock de la dette intérieure intérieur à 1 milliard de dollars, nous assistons à une croissance du PIB non proportionnelle aux dépenses monétaires montrant la mauvaise gestion, la corruption généralisée et la mauvaise allocation des ressources financières. Les taux de croissance, de chômage et d'inflation officiels sont des taux artificiels que voile la rente des hydrocarbures où nous assistons à une redistribution passive de revenus pour une paix sociale éphémère. Il s'ensuit à une nette détérioration du pouvoir d'achat de la majorité de la population où 70 % vivent avec un revenu inférieur à 180 euros (le SMIG étant inférieur à 120 euros) consacrant plus de 70 % de ce modeste revenu aux produits de première nécessité qui connaissent une inflation galopante. Cette situation de l'Algérie de 2011, avec une nette concentration du revenu au profit de couches rentières au détriment des producteurs de valeur ajoutée directement (la sphère économique) ou indirectement (l'éducation, la santé), malgré des transferts sociaux (10 % du PIB) mal ciblés et mal gérés, trouve son essence dans le fait que les deux piliers du développement du XXIe siècle, face aux enjeux de la mondialisation, à savoir la bonne gouvernance (mauvaise gestion généralisée et corruption socialisée) et la valorisation du savoir sont subordonnées aux intérêts rentiers. Cela explique la démobilisation de la population algérienne face à ce paradoxe de l'aisance financière et d'une relative régression économique et sociale : un Etat riche mais une population de plus en plus pauvre. 4) Révision constitutionnelle et Etat de droit La problématique de la révision constitutionnelle doit s'attaquer à l'essentiel, à savoir la refonte de l'Etat, c'est-à-dire à d'autres aspects que le juridisme qui ne doit pas être une fin en soi, les pratiques sociales pouvant contredire des textes si louables soient-ils et doit prendre en considération le couple contradictoire, préservation de la rente-approfondissement des réformes à travers la stratégie divergente des différents acteurs politiques, économiques et sociaux tant internes qu'externes. L'important est de tirer les leçons afin de débloquer la situation économique et sociale caractérisée par le statu quo et l'immobilisme, en fait la panne de la réforme globale. C'est que la cohérence et la visibilité dans la démarche impliquent que l'on définisse d'une manière claire et datée le futur rôle de l'Etat dans le développement durant cette période difficile de transition et concilier les impératifs d'efficacité et le devoir de l'équité à travers l'Etat régulateur. Or, l'économie algérienne est fortement bureaucratisée avec la dominance des relations informelles. Actuellement elle n'est ni une économie étatisée ni une véritable économie de marché car étant dans l'interminable transition depuis plus de 30 années, ce qui explique les difficultés de la régulation tant politique, sociale qu'économique. Aussi, la révision constitutionnelle doit prendre en charge les mutations internes de la société, dont la moralisation des institutions, en prévoyant le renforcement à la fois démocratique par l'émergence d'une véritable opposition et des organismes techniques de contrôle indépendants pour une lutte efficace et concrète contre la corruption qui tend à se généraliser et tenir également compte des engagements internationaux de l'Algérie. En d'autres termes, la révision constitutionnelle devrait renvoyer pour une efficacité réelle à la refondation de l'Etat algérien pour plus de libertés au sens large, à savoir le respect des libertés économiques, la décentralisation, la commune devant passer du stade de collectivité locale providence à celui de collectivité entreprise responsable citoyenne, politique (par une meilleure efficacité gouvernementale autour de grands ministères), syndicale, culturelle, des droits de l'homme, de la protection de la femme et de l'enfance, et le renforcement du dialogue des cultures par la symbiose des apports de l'Orient et de l'Occident au sein de l'espace euro-méditerranéen et arabo-africain, espace naturel de l'Algérie. L'économie est avant tout politique comme nous l'ont appris les classiques Adam Smith, David Ricardo, Malthus, Karl Marx et plus près de nous Joseph Schumpeter et Keynes, car il existe des liens dialectiques entre l'économique, le politique, le social et le culturel pour un développement harmonieux. L'objectif stratégique de la révision constitutionnelle ayant des incidences négatives ou positives sur le développement du pays est de garantir une participation citoyenne active et non formelle pour éviter le divorce Etat-citoyens et éviter le blocage actuel qui est d'ordre systémique. En fait, cela implique que le pouvoir bienfaisant ou de bienfaisance, inauguré comme contrat politique implicite par les tenants du socialisme de la mamelle afin de légitimer l'échange d'une partie de la rente contre la soumission politique et qui efface tout esprit de citoyenneté active, doit céder la place à un pouvoir juste, justicier et de justice. D'où, afin d'éviter de perpétuer des comportements rentiers périmés, de décrédibiliser l'image de l'Algérie et être écouté au sein du concert des nations et de favoriser l'alternance au pouvoir, l'importance de la voie référendaire. (Suite et fin) Abderrahmane Mebtoul, économiste, expert International