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L'UGTA, une organisation non représentative
Publié dans La Nouvelle République le 01 - 05 - 2011

I) Le monde célébrera le 1er mai 2011 la fête du travail et force est de reconnaître que l'UGTA ne représente qu'elle-même, une structure bureaucratique avec un capital immobilier immense, en fait propriété de toute la collectivité, avec des privilèges pour ses dirigeants dont la majorité sont députés et sénateurs siégeant dans des conseils d'administration et vivant avec les ministres à la résidence algéroise du Club des Pins loin des préoccupations des travailleurs.
I) Le monde célébrera le 1er mai 2011 la fête du travail et force est de reconnaître que l'UGTA ne représente qu'elle-même, une structure bureaucratique avec un capital immobilier immense, en fait propriété de toute la collectivité, avec des privilèges pour ses dirigeants dont la majorité sont députés et sénateurs siégeant dans des conseils d'administration et vivant avec les ministres à la résidence algéroise du Club des Pins loin des préoccupations des travailleurs. Le pouvoir, en interdisant les associations représentatives et en ne dialoguant qu'avec l'UGTA, dialogue en fait avec lui-même dans un monologue lassant expliquant qu'en cas de tensions sociales, les citoyens se retrouvent directement en confrontation avec les forces de sécurité sans aucune intermédiation. Cette situation, en l'absence de concurrence, est inséparable du monopole presque intégral que l'on trouve tant au niveau économique (en termes d'allocation d'investissement en majorité public et non en nombre) que politique. Si l'on s'en tient à la télévision officielle algérienne, le monopole dans l'information (ENTV, A3, Canal Algérie, trois copies conformes) autant d'ailleurs que les partis FLN, RND et MSP, qui ne sont en fait que l'éclatement de l'ancien parti unique des années 1980, et avec leur tous leurs satellites, y compris l'UGTA, et les innombrables micros partis créés artificiellement par l'administration. Selon les observateurs tant nationaux qu'étrangers, le système reposant sur la rente est sensiblement le même depuis les années 1970 ayant changé de forme mais pas de nature. Rappelons les taux de participation selon les données officielles du ministère de l'Intérieur des élections législatives du 17 mai 2007 et des élections locales du 29 novembre 2007 du 17 mai 2007 où le FLN, le RND, le MSP, l'UGTA et toutes leurs organisations ont appelé à un vote massif. Pour les élections législatives, les inscrits étaient de18.760.400 et le nombre de suffrages exprimés divisé par le nombre d'inscrits, ce qui donne : 7,01 % pour le FLN, 3,15 % pour le RND et 2,94 % pour le MSP, soit un total de 13,10%. Pour les élections locales APC, les inscrits représentaient 18 446.626 (étrange, soit une diminution des électeurs entre l'intercale de trois mois de 313774, le ministère de l'Intérieur ayant invoqué l'assainissement des fichiers) par rapport aux inscrits, le FLN représente 11,4 0%, le RND 7,73 % et le MSP 5,09 %, soit un total de 24,52 %. Le FLN représente11,36 %, le RND 8,68 % et le MSP 4,56 %, soit un total de 24,60% presque semblable à l'APW. La moyenne arithmétique, élections législatives et locales, des partis FLN, RND et MSP donne ainsi 18,85 %, soit à peine le un cinquième des inscrits. II) Quelles leçons tirer de cette démobilisation populaire ? La première leçon fondamentale est la prise en compte tant des mutations mondiales qu'internes à la société algérienne avec le poids de la jeunesse qui, parabolé, a une autre notion des valeurs de la société. Cela se constate à travers la baisse progressive du poids des tribus, des confréries religieuses et de certaines organisations syndicales, dont l'UGTA, du fait de discours en déphasage par rapport aux nouvelles réalités mondiales et locales. La deuxième leçon est l'urgence de revoir le fonctionnement du système partisan et de la société civile. En raison des crises internes qui les secouent périodiquement, du discrédit qui frappe la majorité d'entre eux, de la défiance nourrie à leur égard et à l'endroit du militantisme partisan, les formations politiques actuelles, même celles siégeant dans la coalition gouvernementale, sont dans l'incapacité aujourd'hui de faire un travail de mobilisation et d'encadrement efficient, de contribuer significativement à la socialisation politique, le marché politique, me semble-t-il, devant être conçu comme un axe central de la restructuration et de laisser, dès lors, les règles du jeu politique et le nombre d'acteurs qui s'y adonnent, se fixer de manière concurrentielle. Quant à la société civile, sa diversité, les courants politico-idéologiques qui la traversent et sa relation complexe à la société ajoutent à cette confusion, qui est en grande partie liée au contexte politique actuel, et rendent impérative une réflexion qui dépasse le simple cadre de cette contribution. Constituée dans la foulée des luttes politiques qui ont dominé les premières années de l'ouverture démocratique, elle reflétera les grandes fractures survenues dans le système politique algérien. Sollicitée à maintes reprises, et à l'occasion d'échéances parfois cruciales, et souvent instrumentalisée à l'instar des micro-partis créés artificiellement, elle manifestera souvent sa présence d'une manière formelle et ostentatoire, impuissante presque toujours à agir sur le cours des choses et à formuler clairement les préoccupations et les aspirations de la société réelle. Or, une restructuration efficace n'a de chance de réussir que si les associations ne soient pas au service d'ambitions personnelles parfois douteuses. Cette situation explique que l'Algérie actuellement est en plein syndrome hollandais. Le budget de l'Etat est ainsi essentiellement alimenté par une fiscalité pétrolière comme l'économie algérienne, 98 % d'exportation d'hydrocarbures et 75 % des besoins des ménages et entreprises importés moyenne 2007/2010. III) Aussi, sans une gouvernance renouvelée revalorisant le travail et l'intelligence, et c'est cela le vrai message de chaque année du 1er mai, fête des travailleurs, posant la problématique d'un Etat de droit et d'une transition démocratique véritable, qui aurait un impact positif sur le développement économique, il y a fort à parier que des tensions sociales de plus en plus fortes se manifesteront dans les années à venir en Algérie au niveau interne que l'on calme transitoirement par la distribution de la rente pour une paix sociale fictive, le versement de salaires sans contreparties productives ne pouvant que conduire à terme à l'inflation que l'on comprime artificiellement par des subventions et au niveau international par un isolement croissant de l'Algérie. Pr Abderrahmane Mebtoul

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