Des voies s'élèvent et dénoncent une répression farouche des libertés syndicales. D'autres relevant du seul syndicat reconnu officiellement, l'Ugta, vantent en cette veille de célébration de la fête des travailleurs l'octroi d'une augmentation oscillant entre 10 et 20% des salaires du secteur privé, en vigueur, nous dit-on, début mai. Du coup, si on venait à s'interroger sur la réalité syndicale en Algérie, question que l'on peut occulter en cette période de l'année et à laquelle les médias s'affairent à apporter des éléments de réponse pour marquer expéditivement la célébration du 1er mai, le constat s'imposant de lui-même est celui attestant l'élargissement du fossé séparant la centrale syndicale et les autres sections syndicales autonomes. Pas le moindre rapprochement ne se profile à l'horizon entres les acteurs de l'UGTA et ceux relevant des syndicats autonomes qui pourtant, les uns comme les autres, défendent les intérêts des travailleurs. Pis encore, les rapports entretenus à distance entre l'UGTA et les syndicats autonomes sont plutôt empreints de suspicion, parfois d'aversion caractérisée. De par sa proximité du pouvoir - formule imprécise pour désigner les autorités du pays - l'UGTA a toujours eu de la peine pour ne pas dire carrément la structure que dirige Sidi Saïd s'abstient de soutenir les doléances de la classe ouvrière lorsque celles-ci sont revendiquées par les syndicats autonomes. N'est-ce pas que la centrale syndicale s'est montrée à maintes fois insensible aux actions de débrayage multiples initiées par les syndicats autonomes, ceux ayant notamment secoué les deux secteurs névralgiques du pays qui sont l'éducation et la santé publique ? A aucun moment, précise-t-on, l'UGTA n'a eu à s'exprimer via les déclarations publiques de ces responsables sur la justesse des revendications émanant des syndicats automnes qui ont fini d'ailleurs et au bout d'une série de grèves à obtenir gain de cause du côté des pouvoirs publics. Des changements dignes de véritables bouleversements ont été par ailleurs constatés sur le terrain des luttes syndicales depuis la dernière célébration du 1er mai et la même commémoration qui revient au-devant de l'actualité pour le compte de l'année en cours. Il est question de prime abord de la soustraction de la gestion des œuvres sociales à l'UGTA. Décision lourde de sens et au sujet de laquelle la centrale syndicale s'emploie par l'intermédiaire de ses rapports d'influence à empêcher son application en vue de pérenniser son monopole exercé depuis des lustres. Dans la foulée, et en parlant des œuvres sociales, celles relevant de l'entreprise Sonelgaz font l'objet d'un procès sur lequel se penche présentement le tribunal de Bir Mourad Raïs, à Alger. Le fait qui mériterait d'être souligné pour ce qui est de ce procès qui vient tout juste d'être reporté pour la troisième fois a trait au retour au devant de la scène des anciens syndicalistes qui ont eu à défendre les intérêts des travailleurs de Sonelgaz au lendemain de l'indépendance. Ces derniers se sont en effet constitués, sous la conduite de M. Moulay, ancien syndicaliste de Sonelgaz, partie civile dans ce procès de dilapidation des œuvres sociales de cette entreprise qui n'a pas encore livré tous ses secrets. Naissance d'une confédération syndicale autonome Au bout de plusieurs grèves engagées plutôt en rangs dispersés par une panoplie de syndicats autonomes opérant essentiellement dans les secteurs de la santé et de l'éducation, les responsables de ces structures se prévalant d'un ancrage surpassant celui de l'UGTA en matière de représentativité des travailleurs ont pris la décision de s'associer dans le cadre d'une nouvelle organisation dénommée la Confédération des syndicats algériens (CSA) qui a vu le jour fin avril. C'est là incontestablement un grand acquis pour les syndicats autonomes partant du principe que l'union fait la force et que cette nouvelle association pourra probablement leur permettre d'accéder en tant que partenaire social aux pourparlers engagés de concert avec le gouvernement notamment la tripartite annoncée pour les quelques mois à venir. D'autre part, faut- il rappeler que depuis la rentrée sociale 2010, les mouvements de grève lancés dans les secteurs de l'éducation et de la santé et plus récemment encore dans les collectivités locales font partie du lot des événements qui ont le plus marqué le quotidien des Algériens non sans faire couler beaucoup d'encre dans les colonnes des journaux. Des débrayages qui avaient pour objectif de consacrer la mise en place d'un nouveau régime indemnitaire mieux élaboré pour les travailleurs avec effet rétroactif à partir de janvier 2008. Ce qui a été d'ailleurs avalisé par le gouvernement, même s'il est constaté que l'application d'une telle décision est encore au centres de critiques acerbes émises par beaucoup de syndicats autonomes. Encore de la protestation pour célébrer le 1er Mai D'autre part et pour marquer la célébration de la fête des travailleurs, des actions sont d'ores et déjà retenues au programme des syndicats autonomes, à l'instar du Snapap (syndicat national du personnel de la fonction publique) qui prévoit la tenue d'un sit-in dimanche 2 mai en face du siège du ministère du Travail à Alger. De sources fiables à la confédération des syndicats algériens, nous apprenons que les structures syndicales activant dans le domaine de la santé envisagent quant à elles une action de protestation à l'intérieur du CHU Mustapha pour marquer la célébration du 1er mai. De nombreux syndicalistes autonomes que nous avons contactés hier ont par ailleurs déploré un rétrécissement des libertés syndicales dans notre pays, même si ces derniers se disent déterminés à rester mobilisés pour faire valoir leur droit syndical. «Plus la répression s'abat sur les syndicats autonomes, plus ces derniers sont plus résolus à ne point lâcher du lest à leurs revendications légitimes», nous fera savoir à ce sujet Achour Idir, porte-parole du CLA. Le programme de l'UGTA pour célébrer la date du 1er mai demeure par ailleurs méconnu. Contactés hier par nos soins, les responsables de l'UGTA étaient aux abonnés absents.