C'est dans l'enceinte de l'ex-bibliothèque communale d'El-Harrach que s'est tenu, samedi dernier, un meeting populaire organisé par le Front des forces socialistes (FFS). Dans une salle archicomble, composée essentiellement de partisans et sympathisants du FFS qui attendaient impatiemment son intervention, Karim Tabbou, premier secrétaire national du parti a tenu un discours des plus virulents sur les événement qui secouent le pays en ce moment ainsi que sur les réformes annoncées le 15 avril par le chef de l'Etat. De prime abord, le charismatique M. Tabbou s'est interrogé sur la véracité des déclarations du président concernant l'ouverture de l'ENTV aux partis politiques. «Soit il n'est pas président, et que d'autres donnent les ordres, soit il emploie un double discours. Il dit que l'ENTV est ouverte alors que ce n'est pas vrai.» Il renchérit : «L'ENTV est une société publique qui appartient à tous les Algériens.» A l'adresse des responsables administratifs d'Alger qui «veulent rendre cette ville une zone interdite à la politique», il dira que le parti traversera chaque quartier d'Alger. «Nous marcherons zanga, zanga», promet-il, sous un tonnerre d'applaudissements. Et d'ajouter : «Nous sommes le parti de l'espoir. Nous sommes responsables et nous voulons montrer aux Algériens qu'il est possible de faire le changement sans qu'il ait une seule goutte de sang de versée.» «Le changement est une nécessité historique», lance-t-il à l'encontre du président de la République ainsi qu'au chef des services de renseignement. «On ne peut plus maquiller un cadavre (le régime, ndlr)», crie t-il en mettant en garde contre les manœuvres du pouvoir à vouloir entraîner les citoyens vers la violence dont il est, d'après lui, «un spécialiste». «Nous avons besoin d'aller vers le changement. Nous ne voulons plus de politique de la confrontation.» Le FFS met en doute les déclarations du chef de l'Etat lors du dernier Conseil des ministres à propos des réformes politiques, et soutient qu'il y a une absence de volonté de changement de la part du pouvoir. «Les décideurs et le président de la République n'ont aucune volonté de changement.» Il affirme que la désignation du président du Sénat à la tête de la commission de réformes en est une preuve flagrante. «C'est le chef des cow-boys qu'on désigne à la tête d'une commission qui a pour tâche d'engager les réformes dans le pays.» Ce n'est pas sérieux ! s'exclame M. Tabbou. Il évoquera, entre autres, la façon dégradante avec laquelle le défunt Bachir Boumaza a été chassé du Parlement. Par ailleurs, le premier secrétaire du FFS accuse les pouvoirs publics de faire dans la manigance et de vouloir rendre le peuple algérien «inactif dans l'attente». Selon lui, et pour faire taire les voix contestataires qui se sont élevées depuis le début de l'année, l'Etat distribue l'argent pour les éloigner de la politique, utilise la violence «sous toutes ses formes» et encourage la «corruption». Il réitère le soutien absolu du parti quant aux mouvements contestataires qui ont ébranlé l'université algérienne. «Ils se battent pour une démocratisation de l'université. Ils sont en train de prouver que par la démocratisation de l'université, ils peuvent rendre possible la démocratisation d'un pays (…) Le pouvoir a pris le Sud (le pétrole et gaz, ndlr) mais a perdu le Nord (le peuple, ndlr). Le vrai pétrole c'est la jeunesse algérienne et rien d'autre.». Il a tourné à la dérision et sans la moindre gêne «certains» partis politiques siégeant au Parlement, les traitant de «des dérivés du pouvoir avec un cœur à gauche et une poche à droite». Kahina Bencheikh El-Hocine